Hélicoptères, tireurs d’élite… Apocalypse now sur le massif du Bargy !

Hélicoptères, tireurs d’élite… Apocalypse now sur le massif du Bargy !

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Mise à jour du 21 octobre 2015 : le tribunal administratif de Grenoble n’a pas suspendu l’abattage… Voir ICI.

Nouvel article à ce sujet, 14 octobre : un bénévole sur place raconte (LPO)

Mise à jour du 13 octobre : jeudi et vendredi dernier, 70 bouquetins ont été abattus, les 2/3 étaient parfaitement sains… Dimanche 11 octobre, l’abattage a été suspendu par le ministère de l’Ecologie (sans doute grâce aux très nombreuses réactions négatives des internautes et des associations) en attendant que le recours des associations soit examiné par le tribunal administratif de Grenoble ce 19 octobre.

Gestion d’une espèce protégée en France, cadeaux aux lobbies : loup et bouquetin, même combat…

FERUS apporte également son soutien aux militants pacifistes qui étaient juste venus observer le massacre alors que les éleveurs ayant séquestré du personnel du parc de la Vanoise ont obtenu la tête de 6 loups et sont repartis tranquillement !

Communiqué du 13 octobre 2015 par la Frapna

Insupportable « deux poids deux mesures » de l’Etat
Jeudi 8 octobre, le massif du Bargy a fait l’objet d’un déploiement impressionnant de forces de l’ordre en vue de poursuivre le massacre de la harde de bouquetins du Bargy entamé deux ans plus tôt.
Sept personnes venues pacifiquement observer les opérations sur le terrain se sont vues reconduites « manu militari » en dehors du « périmètre d’exclusion » arrêté par le préfet de Haute-Savoie et des amendes leur ont été infligées. Une huitième a été emmenée de force pour subir un interrogatoire policier et s’est vue saisir la carte SIM de son téléphone portable afin d’éplucher ses contacts téléphoniques. Le communiqué du préfet de Haute-Savoie du lendemain est sans ambiguïté quant à l’utilisation de cette « prise de guerre » pour intimider ceux qui auraient pu témoigner du massacre ordonné « à bas bruit », selon les propos du préfet.
Dans quel pays vivons-nous ? Nous condamnons avec la plus grande énergie l’entêtement du préfet de Haute-Savoie à vouloir appliquer SA solution radicale. Rappelons que ce massacre de bouquetins – sains dans leur grande majorité – est organisé contre l’avis des scientifiques de l’ANSES* et du Conseil National de Protection de la Nature, du syndicat majoritaire SNE-FSU des agents de l’environnement (dont font partie les gardes ONCFS** chargés de la basse besogne) et sans attendre le jugement du tribunal administratif saisi en référé par les associations de protection de la nature. Le préfet brandit le risque de propagation d’une épidémie de brucellose pourtant jugé minime par les scientifiques mandatés par l’ANSES* bien mieux qualifiés pour en juger. Il faut dire que c’est un habitué des solutions démesurées : il n’est pas étranger à la commande de 50 millions de vaccins pour une banale épidémie de grippe lorsqu’il était directeur de cabinet de Roselyne Bachelot alors ministre de la santé.
Nous affirmons notre plein soutien aux militants pacifiques qui ont été victimes de ces violences physiques et morales, alors que les éleveurs preneurs d’otage, qui ont eux commis un délit caractérisé en séquestrant le président et le directeur du Parc National de la Vanoise, sont non seulement sortis libres mais ont été écoutés et ont obtenu gain de cause ! Le contraste entre l’impunité des agitateurs violents de la FNSEA*** et la répression brutale qui s’abat sur des observateurs pacifiques est tout simplement insupportable.
Note : les 2/3 des 70 bouquetins massacrés par les agents de l’ONCFS** étaient parfaitement sains. Et il était parfaitement possible de les préserver.
 * ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
** ONCFS : Office national de la chasse et de la faune sauvage
*** FNSEA : Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles

Communiqué – vendredi 9 octobre 2015 (LPO, FNE, FRAPNA, ASPAS, One Voice, Humanité et biodiversité, WWF)

Hélicoptères, tireurs d’élite… Apocalypse now sur le massif du Bargy !

Nos associations le redoutaient, le Préfet de Haute-Savoie l’a fait : contre toute attente il a déclenché ce jeudi 8 octobre 2015 une opération massive d’abattage de 200 à 300 bouquetins dont les cabris nés dans l’année. Couvert, semble-t-il, par les décisions de la ministre officiellement en charge de l’écologie, et par le ministre de l’agriculture, l’abattage indiscriminé du seigneur des Alpes, officiellement protégé par les conventions internationales ratifiées par la France, a commencé.
Sombre jour pour l’écologie en France. Nos associations en appellent en urgence au Président de la République pour qu’il ordonne l’arrêt
immédiat de ce massacre injustifié.

Cédant à la pression d’une partie du monde rural, sous prétexte de présence de brucellose sur une partie des bouquetins (d’ailleurs introduite par l’élevage domestique), le Préfet de Haute-Savoie s’acharne à vouloir
éradiquer la quasi-totalité de la population présente sur le Massif du Bargy. Il a déjà procédé à des opérations massives d’abattage, avec les résultats inverses, à savoir la dissémination de la maladie notamment sur les
plus jeunes animaux. Dès cette nuit et pour plusieurs jours semble-t-il, les gendarmes ont bouclé le massif du Bargy, empêchant tout accès. Les tireurs sont acheminés par hélicoptère. Hier, des dizaines de bouquetins ont été tués par
balle. On ne saura jamais combien d’entre eux étaient indemnes de maladie !

Pourtant toutes les études et tous les avis sont convergents, du rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) à l’avis du Conseil scientifique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) chargé en l’occurrence de cette basse besogne, de l’avis du Conseil national de protection de la nature (CNPN) à celui des différents vétérinaires et spécialistes du bouquetin. Non seulement l’abattage de la totalité des bouquetins est illusoire, mais le risque est grand d’une dissémination à d’autres massifs par la dispersions des quelques animaux qui auront échappé aux
tireurs. Les solutions existent pourtant comme l’abattage des seuls animaux malades, la vaccination et le suivi dans le temps des animaux sains.

Non, Monsieur le Préfet, on ne gère pas une épizootie dans une montagne comme on le fait avec un troupeau de 20 vaches dans une étable ! Les expériences internationales en témoignent. Pire, le Préfet précipite l’abattage sans attendre que soit examiné le recours juridique déposé par nos associations et dont l’audience est fixée… dans 10 jours seulement ! Il précipite l’opération pour ne pas avoir à tenir compte d’une décision qu’il redoute. Que nous restera-t-il si le juge confirme l’erreur d’appréciation que nous mettons en évidence ? Qui ressuscitera les animaux injustement et inutilement abattus ?

Enfin, le préfet veut agir sans témoin : 7 de nos militants présents sur le massif ont été interpellés, menottés et conduits en hélicoptère à la gendarmerie où ils ont dû s’acquitter d’une amende.
Lorsque que des éleveurs prennent en otage le Président et le Directeur du Parc National de la Vanoise, non seulement on satisfait immédiatement à leurs revendications, mais ils ne sont pas inquiétés. Lorsque nos associations se contentent d’observer des pratiques contestables, ils sont interpellés.

Monsieur François Hollande, vous avez déclaré vouloir faire de la France un pays exemplaire en matière de protection de la biodiversité d’une part, et de la démocratie environnementale d’autre part.
Prouvez-le. Il est encore temps car il faudra plusieurs jours pour tuer autant de bouquetins. Prouvez-nous que nous ne siégeons pas pour rien dans des instances de concertation environnementale depuis tant d’années.

=>> Voir aussi :

Le communiqué du WWF, 9 octobre 2015

Réaction de la LPO du 13 octobre 2015 (relatant les nombreux mensonges du préfet)

=>> Pour aller plus loin et mieux comprendre l’absurdité de ces abattages, deux très bons articles où les scientifiques s’expriment :

Interview avec François Moutou, épidémiologiste « L’abattage massif des bouquetins du Bargy est contre-productif »

Sciences et avenir, 8 octobre 2015