La gazette des grands prédateurs n°60 (juin2016)

La gazette des grands prédateurs n°60 (juin2016)

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Juin 2016

Éditorial par Gérard Frigaux

Faut-il se réjouir ?

En mai juin 1996, la petite commune de Melles dans les Pyrénées Centrales était à l’origine d’un évènement exceptionnel dont on peut encore mesurer la portée aujourd’hui. Deux ourses, Ziva et Mellba, en provenance de Slovénie, étaient réintroduites dans les montagnes sauvages de la Haute-Garonne. Elles seront accompagnées l’année suivante par la venue d’un mâle, Pyros, qui sera et qui est toujours à l’origine d’une exceptionnelle descendance. Une grande aventure commençait.

A cette époque, avant ces apports, ne subsistaient dans les Pyrénées que cinq à sept ours.

Rien n’aurait été possible sans la volonté d’une association, ARTUS, aujourd’hui intégrée dans FERUS, forte de plusieurs milliers d’adhérents, et sans la ténacité de son président Michel Clouet, de son directeur-délégué Roland Guichard et de son principal mécène, « La Maison de Valérie », présidée par son fondateur Jean-Jacques Hourdin.

Bien sûr, il ne faut pas oublier la détermination d’André Rigoni, premier Magistrat de la commune de Melles, élu courageux, à l’origine de la création de l’ADET et véritable promoteur de la préservation de l’ours des Pyrénées auprès des élus des municipalités adhérentes de cette association. Là encore, sans l’énergie de ce maire, rien n’aurait pu se faire.

En 2006, l’opération se renouvèle avec le lâcher de quatre femelles et un mâle. Le 6 juin 2016, 20 ans jour pour jour après le lâcher de Mellba, l’ours Goiat est lâché en Catalogne dans le cadre du PirosLife. Si bien qu’au moment où ces lignes seront publiées, le nombre des ours pyrénéens se situera aux alentours du chiffre trente.

Faut-il pour autant se réjouir?

Oui, mais sans optimisme excessif, car il ne faut pas négliger les individus morts de façon accidentelle et qui n’ont jamais été remplacés. Les ministres de l’Environnement successifs se sont toujours retranchés derrière des arguments fallacieux pour ne pas déplaire au monde de l’élevage et à celui de la chasse, ainsi qu’à certains hommes politiques de tous bords décidés à éradiquer tout espoir de nouvelles réintroductions.

Non, parce que la population pyrénéenne est loin d’être sauvée. Car, si les réintroductions sont une véritable réussite, à ce jour il y a trop peu d’ours pour assurer leur survie à long terme. La solution existe, elle est dans le rapport scientifique publié en 2013 par le Muséum National d’Histoire Naturelle et commandé par le ministère du Développement Durable de l’époque, mais malheureusement resté sans effet.

Cette année, nous célébrons les vingt ans des premières réintroductions et les dix ans de celles qui ont suivi. Ces anniversaires seront-ils couronnés par la mise en œuvre des préconisations du Muséum, à savoir l’apport, a minima, de quatre femelles dans les Pyrénées Occidentales et de deux femelles pleines dans les Pyrénées centrales ? Rien n’est moins sûr.

Pour autant, en 2016 nous avons le devoir de fêter ces événements par des actions fortes pour exiger qu’enfin la France respecte ses engagements afin que nos enfants et nos petits-enfants puissent continuer d’admirer « lou Moussu ».

Gérard Frigaux

Ancien trésorier d’ARTUS, administrateur de FERUS, administrateur de Nature-Environnement 17, trésorier de Poitou-Charentes-Nature et membre du conseil de Gestion du nouveau Parc Marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis.

édito gazette 60
Éditorial gazette 60

Sommaire :

  • Actus Loup. 36 loups à tuer c’est reparti pour un tour… Par Sandrine Andrieux-Rolland.
  • Actus Ours. Suivi ours 2015 : la reproduction est bonne mais la population reste fragile. Par Sabine Matraire

Dossier « Chiens de protection »

Et toujours les actus monde, la vie associative etc.

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