La population de loups en Andalousie pourrait être virtuellement éteinte

La population de loups en Andalousie pourrait être virtuellement éteinte

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Loup ibérique © Christophe photographie

Selon les derniers chiffres du « Programme de conservation du loup ibérique » en Andalousie, il resterait entre 42 et 54 loups sur le territoire de la communauté autonome, répartis en 7 groupes. Un chiffre déjà alarmant, et pourtant, selon les données de certaines associations écologistes, comme Ecologistas en Acciòn, et d’experts, la situation est encore plus préoccupante. Pour eux, la population de loups pourrait être virtuellement éteinte en Andalousie, ou ne plus consister qu’en une poignée d’individus non localisés.

Jusqu’au 19ème siècle, les loups étaient très présents en Andalousie, et ils ont laissé leur trace dans la toponymie, les récits, les légendes, les chansons, les superstitions, les remèdes populaires… Mais la chasse, entre le 17ème et le 19ème siècle a beaucoup réduit la population lupine. Au 20ème siècle, on ne trouvait plus de loups que dans la Sierra Morena, avec des fluctuations dans les chiffres, jusqu’à la situation critique actuelle. A noter que le loup n’est plus une espèce chassable depuis 1986, date à laquelle il est devenu une espèce protégée.

Dans un entretien pour le site espagnol ECOticias.com, José Luis Anguita, membre de Ecologistas en Acción, explique que les estimations officielles, basées sur une méthode de collecte de preuves indirectes (empreintes, écoutes, collecte d’excréments – sans analyse, attaques présumées sur des herbivores…) ont fait croire pendant des années que l’on approchait le chiffre de 50 loups.

En réalité, personne, pas même la Junte (le conseil) d’Andalousie, ne sait combien de loups vivent encore dans la région. Le gouvernement a d’ailleurs fini par reconnaître son manque de rigueur, et ne parle plus aujourd’hui que d’un seul groupe reproducteur (sur lequel des doutes existent).

Le braconnage, les conflits avec les éleveurs, mais surtout le modèle cynégétique actuel en Andalousie, seraient les principales menaces pesant sur le loup.

Depuis les années 1970, un système de chasse intensive s’est installé, et avec lui un bornage des terres par l’installation de clôtures métalliques. Des terres à l’intérieur desquelles il est très facile de repérer et de tuer des loups sans que personne n’en sache rien. Résultat : la population a diminué au lieu de croître normalement.

L’espace est partagé entre quelques grands propriétaires terriens qui ne veulent pas du loup car il nuirait à leurs affaires, non pas parce qu’il mange quelques belles têtes de gibier, mais parce qu’il déplacerait le gibier en dehors des territoires où les chasses sont organisées.

Les associations écologistes ont demandé un Plan de conservation du loup, qui a été refusé par la Junte d’Andalousie. Pourtant d’autres espèces en danger figurant comme le loup sur la liste rouge des vertébrés menacés en Andalousie bénéficient d’un plan de conservation. Et il n’y a pas d’autre mammifère plus menacé que le loup en Andalousie, pas même le lynx.

Si le poids du lobby des chasseurs est déterminant, il n’est pas le seul. Des sociétés se sont organisées autour du commerce de la chasse (de grands propriétaires terriens, des banques, des fonds d’investissement, des groupes immobiliers ou de construction etc.…) et ont investi dans ces terres clôturées, afin de s’assurer la présence d’une grande quantité d’ongulés (cerfs, sangliers, daims, etc. …) nourris artificiellement comme du bétail. Cette chasse « garantie » permet à ces entreprises de faire des bénéfices et de valoriser leurs actifs sous forme de propriétés. Elles ont une influence sur l’administration, et un pouvoir de pression. Le lobby des chasseurs aussi exerce une pression sur la Junte : il représente des électeurs et de l’argent, ce qui pèse dans la balance de beaucoup de décisions politiques.

Mais si l’on regarde l’argument économique, le loup peut aussi devenir un atout pour l’écotourisme. Pour Ecologistas en Acción, il serait une source assurée de revenus pour de nombreux territoires. C’est déjà le cas dans la Sierra de la Culebra (Zamora). Cette zone présente une des plus grandes densités de loups de la péninsule ibérique. La richesse générée par les touristes venus observer les loups serait des dizaines de fois supérieure à la richesse générée par la chasse.

De nombreux visiteurs viennent déjà en Sierra Morena pour observer le lynx, ils seraient encore plus nombreux à venir s’ils savaient pouvoir y observer aussi des loups. Bien-sûr, cela implique de veiller à ne pas perturber les espèces, et probablement aussi modifier la gestion du domaine public (et la gestion du domaine privé pour ceux qui le souhaitent), pour favoriser l’essor de l’écotourisme.

Article d’Annie Moreau pour FERUS

Source : Ecoticias.com, 31 mars 2014

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