Le tourisme lié aux loups et leur chasse ne font pas bon ménage

Le tourisme lié aux loups et leur chasse ne font pas bon ménage

Photo Ron Niebrugge
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Un loup à Denali, pour la joie des touristes. Photo Ron Niebrugge

L’observation de la faune rapporte des milliards, mais une récente étude menée en Alaska montre que la chasse aux prédateurs a un impact négatif sur le tourisme vert.

De nombreux touristes parcourent des milliers de kilomètres dans l’espoir d’apercevoir des loups dans leur habitat sauvage, mais une récente étude démontre que leurs chances de voir le prédateur réduisent considérablement lorsque la chasse et le piégeage sont autorisés. En 2013, une association gouvernementale américaine, attentive aux problématiques environnementales, le PEER, a tiré la sonnette d’alarme : la dégringolade du nombre de loups près du parc national de Denali (Alaska, États-Unis) est en train d’affecter le tourisme nature.

La recherche publiée par le journal scientifique PLOS ONE suggère que les visiteurs des parcs nationaux ont deux fois moins de chance de voir des loups dans leur habitat naturel lorsque la chasse aux loups est autorisée aux abords du parc national de Denali. Ce constat est le résultat de recherches effectuées entre 1973 et 2013, date à laquelle il a été révélé que la chasse et le piégeage des loups près du parc national ont réduit la population régionale lupine de presque deux-tiers et par conséquent diminué de manière significative les chances qu’ont les visiteurs du parc de voir des loups à l’état sauvage.

Selon Bridget Borg, biologiste spécialiste de la faune de Denali et auteure principale de l’étude, ces recherches sont les premières à établir le lien entre le prélèvement d’animaux sauvages aux abords du parc, et l’expérience que peuvent en faire les visiteurs à l’intérieur de celui-ci. Les chercheurs ont étudié la dynamique entre le prélèvement et le repérage des loups au sein du parc national et de la réserve naturelle de Denali, ces deux parcs figurant parmi les rares endroits dans le monde où les visiteurs ont de bonnes chances d’observer des loups sauvages. Des programmes de suivi à long terme ont permis de collecter des années de données au sujet des populations de loups occupant les lieux, y compris des années durant lesquelles le prélèvement des loups était autorisé, et d’autres pendant lesquelles cette pratique était interdite aux abords des parcs.

L’observation de la faune sauvage est un moteur économique important pour les états proches des parcs de Denali et Yellowstone. En 2008, il a été estimé que le tourisme vert avait profité aux états de l’Idaho, du Montana et du Wyoming à hauteur de 35 millions de dollars par an suite à la réintroduction de loups en 1995. Parallèlement à cela, en Alaska, les activités autour de l’observation de la faune sauvage ont rapporté plus de 2,7 milliards de dollars à l’économie locale en 2011. En comparaison, la même année, la chasse a rapporté 1,3 milliard à l’économie de l’Alaska, soit moins de la moitié de ce qu’a généré le tourisme vert dans cet état, et les permis de chasse aux loups n’ont profité à l’état du Montana qu’à hauteur de 400 000 dollars.

Le suivi des observations de loups et des autres animaux sauvages le long de la route principale du parc de Denali est depuis plusieurs années sujet à étude, et il a joué un rôle essentiel lorsqu’il s’est agi d’enquêter sur l’impact des prélèvements de loups aux abords au parc. Il a ainsi été prouvé que les prélèvements pouvaient avoir une incidence sur les possibilités d’apercevoir un loup : si l’individu prélevé fait partie des plus téméraires d’une meute, les statistiques risqueraient de diminuer seulement parce que celui-ci n’est plus présent sur le terrain et donc ne se montre plus, et ce même si d’autres loups demeurent dans les environs.

Les chercheurs ont analysé les données relatives au nombre de fois où un loup a été aperçu, à la taille des meutes, aux lieux des tanières et aux prélèvements effectués près du parc de Denali de 1977 à 2013 et de Yellowstone de 2008 à 2013. Selon leurs conclusions, les visiteurs sont davantage susceptibles d’observer des loups lorsque leur population est élevée et leurs tanières proches des routes du parc.

Les recherches pourraient être étendues et appliquées à d’autres grands carnivores qui fréquentent les parcs et leurs environs. Cela permettrait ainsi d’avoir une idée plus globale à la fois des observations de la faune sauvage dans la région ainsi que du tourisme vert et du net avantage économique qu’il représente pour le territoire.

Article d’Audrey Anzil pour FERUS

Source : Wolf Watching and Wolf Hunting Don’t Go Together

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Famille de loups à Denali

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