Louve de Prads : les analyses révèlent la présence de poison

Louve de Prads : les analyses révèlent la présence de poison

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L’autopsie avait dans un premier temps conclu à l’hypothèse d’une chute. Les analyses toxicologiques viennent de révéler la présence de poison.

LOUVE DE PRADS : DU POISON, DES ZONES D’OMBRE, DES SOLUTIONS.

On se souvient que des randonneurs avaient alerté Ferus après avoir découvert le cadavre d’une jeune louve à Prads-Haute Bléone, le 19 septembre dernier.

Des adhérents de Ferus avaient alors entrepris la longue montée jusqu’à l’emplacement du cadavre dans l’intention de prendre des photos, pour s’apercevoir que le cadavre avait disparu. Ferus a aussitôt alerté l’ONCFS qui après bien des tribulations a retrouvé une jeune louve de moins de quinze kilos, dissimulée sous des branchages et des pierres.  Dès cette époque Ferus avait porté plainte pour destruction d’espèce protégée et était intervenu auprès du ministère de l’Ecologie pour que les tirs de loups « officiels » soient interrompus puisque le plafond de six loups pour 2011 risquait d’avoir été atteint avec cette nouvelle mort suspecte. Les tirs ont effectivement cessé, ce qui était l’essentiel dans un premier temps.

Prévenu en même temps que  d’autres ONG par le cabinet de la ministre de l’Ecologie de la présence de substances toxiques dans le cadavre de la louve, Ferus a choisi de ne pas gêner l’enquête en cours et de ne pas se livrer à des révélations ou des spéculations dans l’attente de la réunion du groupe national loup du 3 novembre 2011. En ce qui concerne la louve de Prads, il est primordial de retrouver, si c’est encore possible, les empoisonneurs et l’on sait que dans ce genre d’affaire une publicité mal maîtrisée peut être contre productive. Le secret ayant été levé, nous pouvons livrer nos commentaires.

Il n’est pas encore sûr que le poison trouvé dans le corps de la louve lui ait été destiné : d’après nos contacts, il pourrait s’agir de produits susceptibles de tuer des rongeurs, qui sont malheureusement largement répandus dans notre pays et causent indirectement la mort de nombreux prédateurs, mammifères et oiseaux. L’on sait que les renards  par exemple les absorbent en avalant des proies qui en contiennent et que ces renards, quand ils n’en meurent pas, sont affaiblis et finissent très souvent victimes de voitures dont ils ne se sont plus méfiés. La louve était de petite corpulence et elle montrait des traces de blessures dues à une chute, il est donc important que l’enquête nous dise comment elle est vraiment morte.

Il pourrait aussi se faire que ceux qui ont mis le poison aient expressément visé un loup, avec ce qu’ils avaient sous la main. Nous attendons des faits pour commenter plus avant ce cas particulier.

Ferus  prend de manière plus générale la menace du poison très au sérieux.  Rappelons que depuis  le retour du loup nous avons connu des périodes sombres, vomissures ensanglantées de deux loups trouvées en avril et mai 1998 en Tinée, cadavres de chiens et d’aigles retrouvés empoisonnés dans le Mercantour, les Monges – d’où une meute a été mystérieusement « éradiquée » -, en Maurienne…

C’est pour combattre le poison que Ferus a organisé  les premières patrouilles de bénévoles dans le Mercantour, avec déjà les grandes lignes du programme de Vigie que nous avons depuis développé dans les Pyrénées en faveur des ours : des randonneurs volontaires se déplacent dans la montagne y compris de nuit. Ils cherchent à repérer divers éléments (cadavres d’animaux, rapaces, charognards, prédateurs morts, voire appâts suspects) pour les communiquer aux autorités légales. Ils s’efforcent de nouer le dialogue avec d’autres randonneurs comme avec tous ceux qui travaillent sur place, pour sensibiliser l’opinion et éventuellement en apprendre davantage. Les braconniers sont soumis à une double pression, celle des autorités et celle des patrouilleurs bénévoles.

Ferus a déjà montré que le braconnage jouait un rôle très inquiétant dans l’évolution de la population de loups en France, puisqu’il avait divisé son accroissement par deux. Ce n’est en aucun cas une solution, derrière laquelle chacune des parties pourrait se réfugier lâchement. Et de toutes les méthodes de braconnage, la pire est certainement le poison, qui frappe aveuglément tous les animaux et sème le doute et la méfiance dans les communautés humaines. Ferus demande que cette question soit très sérieusement abordée dans un des groupes techniques qui vont préparer le prochain plan loup pluriannuel. La priorité reste plus que jamais de ne pas laisser « respirer » les apprentis empoisonneurs et de les couper du reste de la population en intensifiant les enquêtes à chaque cas avéré.

Voir aussi :

La louve de Prads n’aurait pas été braconnée, premiers résultats d’autopsie (octobre 2011)
FERUS porte plainte dans trois affaires de braconnage de loup (octobre 2011)
FERUS permet une enquête et la découverte d’un cadavre de louve (octobre 2011)

Loups tués : toutes les autorisations de tir suspendues (septembre 2011)
Opération Vigie : des patrouilles anti-braconnage pour l’ours dans les Pyrénées (octobre 2011)

Au moins 100 loups braconnés en France depuis 2000 (avril 2009)

2 commentaires sur “Louve de Prads : les analyses révèlent la présence de poison”

La chute de cette jeune louve me fait penser à la chute qui a coûté la vie à Palouma… La chute chez les ours concerne en particulier les jeunes et les vieux … Pourquoi Palouma n’aurait-elle pas été empoisonnée, elle aussi ? Je suis sûrement très ch…, mais je n’accorde pas trop de crédit à ce que disent les Pouvoirs Publics…

Que penser de cette mort suspecte?
Est ce un empoisonnement volontaire, qui ciblait le loup particulièrement?
Peut importe, l’empoisonnement en lui même est condannable, que le loup est été visé ou pas.
Après tout, il n’y a pas que les loups qu’il faut protéger, mais c’est la faune en général.
Alors que faire contre des gens (chasseurs-éléveurs)qui ne respectent rien, et qui se croient les seuls maitres de leurs territoires. Ils ont malheureusement un sérieux avantage, c’est qu’ils connaissent parfaitement le terrain et par conséquent qu’ils sont pratiquement intouchables. C’est pour cela que, lorsqu’un d’autres eux est identifié, il faut que la justice se montre intraitable, avec une suppression du permis de chasse a vie, une amende digne de ce nom, suffisamement dissuasive pour éviter toute recidive du contrevenant et de ses partisants.
Alors peut être, arriverons nous a sauver ces loups, lynx et autres ours pour qu’ils puissent, chez nous, vivre enfin en paix.


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