Le 3 juillet à Roquefort (Aveyron), le Président a tenu des propos à la fois inquiétants et faux sur la présence du loup en France. Il ne connaît vraisemblablement pas le dossier et nous tenons à rétablir les faits.
D’abord, le loup n’a pas été « réintroduit », comme l’affirme Emmanuel Macron : il est revenu naturellement depuis l’Italie au début des années 1990. Déformer cette réalité permet de désigner un bouc émissaire commode pour les lobbies, mais nous attendons mieux d’un chef d’État qui se dit être « à fond » pour la biodiversité. Il s’est aussi vanté d’avoir mené le « combat » du déclassement du loup — ce qui affaiblit les outils de protection de la nature et de la biodiversité.
Selon lui, le pastoralisme et le loup ne sont pas compatibles. Pourtant, en Espagne et en Italie, la cohabitation est possible grâce à des moyens de protection adaptés : chiens, clôtures, surveillance. Et dans les Alpes françaises ? Après 30 ans de présence du loup, le pastoralisme s’y porte mieux que dans d’autres régions. Écarter le loup des vastes territoires pastoraux est irréaliste. Voilà une interprétation partielle – et partiale – de la biodiversité : filtrée, contrôlée et amputée de ses espèces les plus emblématiques. C’est oublier que le loup est une espèce clé de voûte garante de l’équilibre et de la prospérité du vivant. Elle participe au bon fonctionnement des écosystèmes naturels et joue un rôle essentiel notamment en régulant les populations d’ongulés sauvages.
Vouloir faciliter l’élimination d’une espèce protégée est une régression grave et contraire aux engagements internationaux de la France. Le Président semble méconnaître la réalité du terrain, et il le dit lui-même : « Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où il y a l’ours ou le loup qui redéboulent, qu’ils aillent y passer deux nuits ». C’est précisément ce que nous faisons depuis plus de 20 ans avec notre programme PastoraLoup qui obtient chaque année d’excellents résultats sur le terrain. Nos bénévoles, formés par des éleveurs à la surveillance des troupeaux ovins et bovins, proposent une aide concrète dans plusieurs zones à loups : les Alpes, le Jura, la Bretagne et le Lot. Loin des postures et des discours déconnectés, nous agissons. Le Président ferait mieux de s’attaquer à une vraie menace pour nos agriculteurs : la concurrence déloyale provoquée par les accords de libre-échange.
Plutôt que de céder à une logique d’abattage, il est essentiel de poursuivre et de renforcer l’équipement en moyens de protection des troupeaux. Le recours systématique aux tirs létaux, menace déjà significativement la population lupine en France, dont l’état de conservation est encore défavorable. Cette politique de régulation fondée sur la destruction n’a aucun avenir. À l’inverse, les dispositifs de protection non létale, comme le tir d’effarouchement (proposé dans le PNA Loup), et un dialogue sincère avec les acteurs du monde pastoral constituent les seules voies crédibles pour construire une réelle cohabitation entre élevage et faune sauvage.