Nouvelle incursion d’un ours en Suisse : le WWF lance une pétition pour le protéger

Nouvelle incursion d’un ours en Suisse : le WWF lance une pétition pour le protéger

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Venu du Trentin italien, un nouvel ours est arrivé en Suisse, dans les Grisons, via le Val Müstair dans la nuit du 8 au 9 mai. M25, jeune mâle de 2 ans et demi, a notamment été photographié au bord d’une route près de Zernez, en Basse-Engadine (photo ci-contre), et a attaqué quelques moutons. Il est équipé d’un collier émetteur depuis février dernier. Il n’est pas considéré comme un ours à problème par les autorités pour le moment mais « ne passe pas inaperçu », indique le conseiller d’Etat Mario Cavigelli.

Des ours italiens effectuent régulièrement des incursions en Suisse depuis 2005. Parmi eux, les ours JJ3 et M13 considérés comme potentiellement dangereux par les autorités et abattus respectivement en 2008 et 2013. Ces ours n’étaient pas méfiants, s’approchaient des habitations mais ne s’étaient pas montrés agressifs.

Pour Joanna Schönenberger, experte ours auprès du WWF suisse et ancienne ranger en Alaska, «c’est un jeune mâle typiquement curieux. Et pas un tueur de moutons, tel qu’il a été décrit. Afin qu’il ne perde pas sa timidité envers les hommes, il faut surtout éviter de chercher à le rencontrer et le photographier ». Elle ajoute qu’il n’est «pas possible qu’un ours soit considéré comme un problème en Suisse alors que juste de l’autre côté de la frontière, ils savent comment le gérer. Les Italiens sont plus pragmatiques (…). Nous devons essayer de mieux les connaître. Il faut que les Suisses méritent cet ours et acceptent un animal qui n’est pas toujours sous leur contrôle.» (propos rapportés par Le Matin du 14 mai 2014).

Suite aux abattages inutiles des ours JJ3 et M13, le WWF préfère prévenir et lance une pétition pour que la Suisse donne sa chance à l’ours M25.

Communiqué du WWF, 14 mai 2014

Le jeune ours italien M25 ne doit pas connaître le même destin que M13, abattu il y a près d’une année dans les Grisons. Le WWF demande aux autorités d’agir de manière raisonnable et de donner une vraie chance au plantigrade. L’organisation de défense de l’environnement lance à cet effet la pétition «Viva M25» en faveur de l’ours.

Avec cette pétition (www.wwf.ch/ours), le WWF Suisse veut placer les autorités cantonales et communales grisonnes face à leurs responsabilités. Elles doivent tout entreprendre pour que le jeune ours M25, de même que les plantigrades qui franchiront les frontières helvétiques à l’avenir, aient une chance de vivre dans notre pays. «Grâce à cette pétition, les responsables doivent se rendre compte qu’ils sont largement soutenus par la population: en effet, une majorité des Suisses salue le retour naturel de l’ours dans notre pays, comme l’ont clairement montré deux sondages représentatifs du WWF», affirme Pierrette Rey, porte-parole du WWF en Suisse romande.

Les autorités grisonnes sont fortement mises à contribution, à plusieurs niveaux: «des troupeaux bien protégés, des poubelles résistantes aux ours et des ruches sûres sont urgemment nécessaires», souligne Joanna Schoenenberger, spécialiste des ours au WWF. Dans la mesure du possible, le plantigrade doit être tenu à l’écart des zones habitées. Pour cette raison, la gestion des déchets doit être adaptée dans les communes considérées. «Un point central est par ailleurs l’information objective de la population et des touristes, la seule solution pour que l’ours soit accepté dans la région concernée», précise la spécialiste. En guise d’exemple, elle cite le val Münster, qui s’est préparé de manière exemplaire au retour de l’animal.

Deux abattages inutiles
Depuis 2006, neufs ours ont foulé le territoire suisse et d’autres feront de même à l’avenir encore. Avec JJ3 et M13, deux ours ont déjà été abattus dans notre pays, bien que ces animaux sauvages soient strictement protégés au niveau international. «Les régions concernées seraient bien inspirées de faire leur travail. Le WWF soutient pleinement leurs efforts en ce sens», ajoute Joanna Schoenenberger. A long terme, les régions alpines touchées ne pourront de toute manière pas faire autrement que de se préparer au retour naturel des grands prédateurs.