Jura : Fario, le premier lynx d’Europe équipé d’un GPS

Jura : Fario, le premier lynx d’Europe équipé d’un GPS

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Photo : Fario (Athénas)

Article Le Progrès, 11 octobre 2009

Capturé dans le haut Jura en novembre 2008, le lynx, qui se déplace aussi dans l’Ain, est le premier mammifère terrestre d’Europe occidentale à avoir une balise GPS autour du cou

Un lynx, capturé et relâché dans le Jura, suivi au jour le jour grâce à la balise GPS qu’il porte autour du cou. C’est une première européenne, saluée en ce moment à la Cité des sciences de Paris, qui célèbre les trente ans du système Argos.

Ce système mondial de localisation et de collecte de données par satellite, créé par la Nasa et le Centre national d’études spatiales (Cnes), permet de localiser des balises, n’importe où sur terre, avec une précision d’environ 150 mètres.

Il est utilisé en priorité pour l’étude et la protection de la planète, pour les voiliers des navigateurs, l’observation des animaux ou l’évolution des océans. Jeudi, Gilles Moyne, directeur du centre Athénas (Sauvegarde de la faune sauvage en Franche-Comté et Bourgogne est) s’est rendu à Paris pour parler de son expérience avec le lynx Fario. « Avant, les lynxs qu’on recueillait et relâchait étaient équipés de colliers VHF, des balises radio équipées qui fonctionnaient avec un émetteur radio et une antenne manuelle. On arrivait à faire des triangulations pour déterminer l’axe de présence de l’animal, mais cela demandait beaucoup de présence sur le terrain et les résultats étaient très aléatoires. Ce qui nous a amenés à réfléchir au moment d’équiper Fario. On a opté pour un collier GPS, même si on a laissé une balise VHF. On a rencontré les représentants de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui travaillent déjà avec le système sur les phénomènes migratoires pour les oiseaux. Et ils ont été emballés ! On a signé une convention avec eux. On suit les déplacements de Fario sur ordinateur grâce au logiciel Google Earth, mais c’est le CNRS qui va interpréter les données, et on sortira une publication conjointe. Ça nous apprend beaucoup sur le comportement du lynx en dispersion, mais ça n’intéresse pas que nous ! Et si on s’aperçoit que l’animal erre en plein village en pleine journée ou à proximité d’un troupeau, on peut intervenir. » Ce qui n’empêche pas les spécialistes d’Athénas de continuer le travail de terrain, en allant à la rencontre du félin pour vérifier qu’il parvient à se nourrir. Depuis qu’il a été relâché, en juin dernier sur la commune des Bouchoux, Fario a déjà parcouru plus de 250 kilomètres et se trouve actuellement dans le massif du Jura, mais a passé la frontière du département de l’Ain et se déplace dans le Bugey. Coût total du dispositif : 6 000 euros, financés en grande partie par l’État et la Direction régionale de l’environnement (Diren). Sur les 6 500 animaux suivis sur le globe par balise Argos (ours polaires, tortues marines, thons et manchots), Fario est le premier lynx et même le premier mammifère terrestre équipé en Europe centrale. Le projet ne durera qu’un an : à la date anniversaire de son retour à l’état sauvage, début juin 2010, le collier de Fario va se détacher automatiquement et il retrouvera une entière liberté.

10 commentaires sur “Jura : Fario, le premier lynx d’Europe équipé d’un GPS”

Bonjour Férus.

Je profite de cet article pour poser une remarque/question.

Part certaines rencontres que j’ai pu faire dans le cadre de mon métier, j’ai rencontré la semaine dernière une personne pratiquant le ski de randonnée, et férue de nature. Elle m’a fait part d’un découverte qu’elle a faite cet hiver (février 2008) dans les Aravis (Haute-Savoie). Photos à l’appui, elle m’a montré des traces qui s’apparentent très fortement à celles d’un lynx. Cerise sur le gâteau, ces traces larges, qui s’enfoncent, sont parallèles à d’autres, plus petites, identiques en terme de forme, et moins marquées dans la neige. (une femelle et son petit ?)

La présence du lynx est-elle avérée dans les Aravis ?

C’est en tous cas une très très bonne nouvelle !

Merci et bonne journée à tous.

Antoine

il est en effet souhaitable qu’il y est des gardes fou,je pense aussi que insidieusement la technologie déssert de façon « big brother ,quelle prophétie d’ailleur ! »,l’homme les plus pauvre biensur,mais aussi la nature,et a équiper des ours,loups et lynx avec un matos apparemment lourd,enlève non seulement de la poésie ,du mystère(a la base ,elle seul est sources de toute arts),mais aussi par ces localisation de plus en plus démocratisé (cela arriveras),les chasseurs qui adorent l’hémoglobine vont faire des cartons plus facilement.sans parler des ondes qui peuvent etre nocivent a l’instar des mobiles pour la santé.hé oui ont a peu de recul avec les ondes et mon intuition (qui se révèle vrais pour cela),me dit que lorsqu’une chose n’est pas naturelle ,cela se révèle fatal .

Bonjour Eric. Vous n’avez rien choqué du tout, je vous rassure, on discute !!! D’autant que je suis entièrement d’accord avec ce que vous écrivez dans votre dernier message.

Même si je comprends le ton, je trouvais seulement un peu excessif les commentaires sur l’équipement télémétrique d’un seul animal, alors qu’il n’existe aucune volonté d’équiper tous les lynx d’émetteurs. Mais c’est qu’un point de vue.

A mon avis également, il ne faut pas oublier que les lâchers par le centre Athénas se font parfois dans un contexte local plutôt défavorable et qu’il vaut mieux prendre toutes les précautions possibles pour s’assurer de la bonne adaptation au milieu naturel des jeunes lynx ainsi relâchés. D’où (je pense) la phrase de l’article que vous relevez sur le lynx qui pourrait s’approcher des troupeaux ou des villages.

Désolé d’avoir choqué la « sensibilité scientifique » de Mathieu Krammer ! Ma réaction, volontairement provocante et en écho à celle de Pirard, n’était destinée qu’à mettre le doigt sur les dérives potentielles sous jacentes. La télémétrie a rendu de grands services en effet sur le plan scientifique (on équipe même des insectes !) bien que l’on puisse se poser la question de l’influence de ces équipements, forts gênants tout de même, sur le comportement du « cobaye ». Mais le fond du problème est surtout que les scientifiques, quelque soit leurs bonnes motivations, pourraient vite être dépassés par les évènements. « Big brother » entre petit à petit dans la nature et ces nouvelles technologies seront utilisables par n’importe qui et pas forcément pour la bonne cause. L’article du Progrès fait d’ailleurs explicitement référence à ce type d’utilisation (« on pourra intervenir s’il s’approche d’un village ou d’un troupeau … »). Si on a encore un peu de marge avec la centaine de lynxs qui peuple le massif jurassien, on sait très bien que la revendication existe et que la faisabilité technique n’est pas insurmontable pour la vingtaine d’ours pyrénéens !

Je trouve ces réactions très curieuses, lorsqu’on sait qu’il ne s’agit que d’UN animal équipé, sur une population jurassienne (franco-suisse) d’une centaine d’individus.

La télémétrie, dans un but scientifique (j’y tiens), permet de grande avancée.

Je rappelle quand même que le suivi actuellement réalisé par le Réseau Lynx (sans télémétrie) est permis par l’étude d’une petite dizaine de lynx équipés à la fin des années 1990. Les résultats ont permis de déterminer les superficies occupées par jeunes et adultes, mâle et femelle… dont découlent aujourd’hui les estimations d’aires de présence et les estimations d’effectifs.

Il y a deux ans, en Suisse, on s’est rendu compte qu’un jeune lynx – espèce dont on disait qu’elle ne dispersait qu’à courte distance, de proche en proche, en limite de l’aire de répartition – a dispersé sur plus de 200 km à travers les Alpes, s’installant dans une zone inoccupée par l’espèce.

La témétrie peut être dangereuse quand :

* Les localisations des animaux sont dévoilées. Dans ce cas là, on sort du cadre scientifique. C’était le cas pour les ours relâchés en 2006 dans les Pyrénées
* On voudrait équiper tous les individus d’une population (utopique ; de toute façon encore jamais voulu) ; là aussi, on sort du cadre scientifique.

Avec Fario, on n’est pas dans ces deux cas de figure. Personne d’autres que les « pisteurs » ne sait où il se trouve et c’est très bien comme ça.

C’est beau la science ! On va enfin savoir (sic) que les lynxs, particulièrement les jeunes mâles en recherche de territoire et/ou de partenaire, sont capables de grands déplacements. Plus prosaïquement, Fario n’a pas intérêt à s’approcher d’un village ou d’un élevage de moutons car ça pourrait déclencher le plan « triple buse ». Au fait, je suggère (mais c’est sans doute superflu) à quelques Pr Tournesol du CNRS ou d’ailleurs de réfléchir à un collier anti prédation. Tous les prédateurs pourraient être équipés d’un système déclenchant une alarme ou/et une décharge style Taser à l’approche d’une proie potentielle (qui devra être elle même équipée d’un système détecteur). D’abord on commencerait avec les moutons mais rien n’empêcherait les chasseurs de l’utiliser aussi pour leur « gibier ». Rassurez vous, on alimenterait quelques charniers (comme pour les vautours) afin de maintenir une population de grands carnivores et donc une biodiversité optimale ! Science fiction pessimiste ? Allez savoir, au train où vont les choses quant à la perception de la nature …

et la louve de 8 ans capturée a St Delmas ? c’est quoi qu’ils lui ont mis autour du coup ? un scoubidou ??

Quand je vois le basard qu’il a autour du cou, je suis inquiet pour la possibilité que ce pauvre animal vive normalement. Un an…. Un an à attendre ! Apparemment il survit….

Drôle de monde, drôle de temps, qui se réjouit de savoir en permanence à 150 m près où se trouve un être…Et qu’on se rassure on ne le perdra pas de vue ! on a même rajouté une balise au cas où ! On peut aller très (trop ?) loin comme cela !150 lynx ? tous les ours ? Et gare à celui qui a cassé son collier !

Bon trève d’exagération, c’est une expérience qui peut se révéler utile pour mieux comprendre l’écologie d’un lynx. Il y a juste un ton dans l’article qui m’a évoqué ces pensées qui me mettent mal à l’aise. Philippe


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