Thèse : les tirs de loups sont majoritairement inefficaces

Thèse : les tirs de loups sont majoritairement inefficaces

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Depuis 2004, les pouvoirs publics français autorisent des tirs de loups afin de, soit-disant, réduire les dommages aux troupeaux domestiques. Depuis quelques années, quelque cent loups (espèce protégée et au statut vulnérable) sont ainsi abattus chaque année…

Pour ce faire, l’Etat français utilise largement et éhontément une disposition de la Directive Habitats-Faune Flore (qui protège le loup au niveau européen) qui permet de prélever des loups notamment pour « prévenir des dommages importants à l’élevage ».

Depuis des années, FERUS demande qu’une étude soit conduite afin de prouver que les tirs de loups sont effectivement utiles pour faire baisser la prédation sur les troupeaux domestiques, ce que nous réfutons, arguant que seules les mesures de protection des troupeaux sont efficaces, notamment à long terme.

En analysant l’impact des tirs de loups et les conséquences sur la prédation des ongulés domestiques, la thèse d’Oksana Grente, soutenue en novembre 2021, nous apporte enfin quelques éclairages et conclut « que les effets des tirs en France ont été hautement variables selon le contexte. La majorité des effets n’impliquait pas de changement, le restant des effets étant une réduction des déprédations puis une augmentation. »

Quelques détails :

Les tirs de loups induisent un report de la prédation sur d’autres unités pastorales dans tous les massifs étudiés sauf les Préalpes d’Azur, Canjuers et Vanoise. Autrement dit, la pression se relâche sur certaines exploitations mais est reportée sur d’autres.

Les tirs induisent une baisse de la prédation sur les troupeaux dans les massifs suivants : Préalpes de Dignes, Cerces, Trois-Évêchés, en zone Alpine (au sens écologique).

Les tirs induisent une hausse de la prédation sur les troupeaux dans le Vercors.

Les tirs n’induisent aucun changement dans les massifs suivants : Mercantour, Vanoise, en zone subalpine, en basse altitude

 Les tirs n’induisent aucun effet clair de la prédation sur les troupeaux dans les massifs suivants : Préalpes d’Azur, Écrins, Canjuers.

Également :

Les tirs induisent une baisse des dommages sur les troupeaux quand ils sont réalisés à l’automne ou durant la période des accouplements.

Les tirs induisent une hausse des dommages sur les troupeaux quand ils sont réalisés en hiver ou pendant la période de mise-bas/tanière (ce qui ne surprendra aucun biologiste, les besoins en nourriture sont importants à cette période et priver la meute d’un chasseur est problématique).

Les tirs induisent un report des dommages (sans changement d’intensité) sur les troupeaux quand ils sont réalisés à la période des sites d’élevage des jeunes (sites de Rendez-Vous).

Par ailleurs, la thèse indique qu’il « est peu probable que les tirs de loup aient un effet unique sur les loups et la déprédation. »

En bref, l’efficacité des tirs de loups sur les dommages aux troupeaux est toujours un fantasme de certains et il serait temps que l’État français cesse enfin de s’en prendre à une espèce protégée et mise plutôt au maximum sur les vrais moyens de protection des troupeaux.