Parole d’ours : réflexions autour des questions posées à la population locale et aux touristes

Parole d’ours : réflexions autour des questions posées à la population locale et aux touristes

Actus en France Actus ours Actus Parole d'ours Toute l'actualité

Depuis 2008, l’association FERUS a lancé dans les Pyrénées un programme de bénévolat Parole d’ours. Les objectifs consistent notamment à délivrer à la population locale et aux gens de passage une information éclairée sur l’ours. Les bénévoles recueillent également le ressenti des personnes présentes, même temporairement dans ces montagnes, par l’intermédiaire d’un questionnaire.

En 2009, les bénévoles ont posé deux questions à 2265 personnes, interrogées essentiellement sur les marchés.

  • Êtes-vous favorable à la présence de l’ours dans les Pyrénées ?
  • Êtes-vous favorable à de nouveaux lâchers d’ours, en Pyrénées Centrales comme en Béarn ?

Les réponses recueillies au questionnaire Parole d’ours 2009 ont fait l’objet d’une étude psycho-sociale par une étudiante en 4e année de Sciences Humaines, Stéphanie Michenaud.

75,8 % des personnes interrogées nous ont dit être favorables à la présence de l’ours dans les Pyrénées, la majorité des personnes percevant l’ours comme un élément essentiel du patrimoine naturel et culturel des Pyrénées. 16,7 % des personnes ne sont pas favorables à l’ours. Les raisons évoquées sont les conflits avec l’élevage (1) et les risques potentiels de rencontre avec le plantigrade (2) (Etude Stéphanie Michenaud)

62,4% des personnes sont favorables à de nouveaux lâchers, en Béarn comme en Pyrénées Centrales contre 29,6 % de non favorables. Ces derniers évoquent là encore les conflits avec l’élevage (3) . Mais l’origine des ours pose aussi problème. En effet les ours réintroduits sont prélevés en Slovénie, ils sont considérés comme non-Pyrénéens, comme étrangers aux Pyrénées. De plus, l’ours slovène fait l’objet de nombreux préjugés : « carnivore » (4)  (en tant que critique), « il fait plus de dégâts que « le pyrénéen » (5), « il ne s’adapte pas », (6) « ce sont des ours de cirque », « il serait mieux chez lui » (7), « il n’est pas de souche » (8) … (Etude Stéphanie Michenaud)

L’étude complète de Stéphanie Michenaud :

pdf-ferus

Cette étude a fait l’objet d’un article dans La Gazette des Grands Prédateurs n° 36, été 2010

Participez au programme de bénévolat Parole d’ours 2010 !!!!

Notes

[1] « La prégnance de ce thème confirme l’orientation prise par Ferus et Pays de l’ours-Adet qui se positionnent dans une dynamique d’accompagnement du pastoralisme » (Etude Stéphanie Michenaud).

[2] « Continuer d’apporter des précisions sur le comportement de l’ours, écarter la possibilité d’apprentissages antérieures due à la proximité avec l’homme des ours de Slovénie pourraient éventuellement rassurer les habitants. » (Etude Stéphanie Michenaud). L’ours a généralement peur de l’homme et cherchera à vous éviter.
Recommandations en cas de rencontre avec un ours

[3] « La prégnance de ce thème confirme l’orientation prise par Ferus et Pays de l’ours-Adet qui se positionnent dans une dynamique d’accompagnement du pastoralisme » (Etude Stéphanie Michenaud).

[4] Les opposants à l’ours ne cessent de crier à l’ours slovène, qui serait plus prédateur sur les estives que l’ours pyrénéen. Qu’en est-il en réalité ? Les études effectuées depuis 1996 ont montré que les ours d’origine slovène ont sensible ment le même régime alimentaire que les ours autochtones (Quenette, 2000).
Contrairement à une idée reçue, l’ours slovène n’est pas plus carnassier que l’ours d’origine pyrénéenne. Dans les Pyrénées, ce n’est pas l’origine des ours qui conditionnent les dégâts aux troupeaux, mais la différence de mode de gardiennage.

[5] Les opposants à l’ours ne cessent de crier à l’ours slovène, qui serait plus prédateur sur les estives que l’ours pyrénéen. Qu’en est-il en réalité ? Les études effectuées depuis 1996 ont montré que les ours d’origine slovène ont sensible ment le même régime alimentaire que les ours autochtones (Quenette, 2000).
Contrairement à une idée reçue, l’ours slovène n’est pas plus carnassier que l’ours d’origine pyrénéenne. Dans les Pyrénées, ce n’est pas l’origine des ours qui conditionnent les dégâts aux troupeaux, mais la différence de mode de gardiennage.

[6] L’adaptation des ours relâchés entre 1996- 1997 et 2006, les naissances constatées in situ ou la colonisation de nouveaux territoires nous rappellent qu’en terme d’habitats favorables, le massif pyrénéen n’a rien à envier aux Monts Cantabriques en Espagne ou à la chaîne des Abruzzes en Italie. Les Pyrénées sont toujours favo – rables à l’ours brun.

[7] Rappelons que les ours capturés en Slovénie et relâchés en France sont décomptés du quota de chasse à l’ours en Slovénie et donc destinés à être tués. Par ailleurs, les ours sont aussi victimes du trafic routier en Slovénie

[8] L’ours slovène et l’ours pyrénéen appartiennent tous deux à la même espèce, et à la même lignée occidentale d’ours européens.

1 commentaire sur “Parole d’ours : réflexions autour des questions posées à la population locale et aux touristes”

Merci pour l’étude, tout juste entraperçue, mais instructive. Jamais je n’aurais songé à la projection identitaire sur l’ours. Vraiment étonnant !


Les commentaires sont fermés.