En France, la filière ovine souffre de vrais problèmes, et ce n’est pas le loup…

En France, la filière ovine souffre de vrais problèmes, et ce n’est pas le loup…

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Photo © François Magne

… sauf qu’ils sont médiatiquement et électoralement moins attractifs et bien plus complexes à régler !

Tiré de la page facebook du collectif CAP Loup

myiase

Problème n°1 : les parasites

Les Wohlfarhtia (c’est leur nom) sont des mouches qui pondent leurs oeufs sur les plaies et les muqueuses des moutons (et moins souvent d’autres mammifères). Les larves se nourrissent de la chair. On appelle ça une « myiase ». Le mouton peut s’en trouver affaibli, jusqu’à s’isoler et mourir s’il n’est pas soigné.
Ces myiases étaient beaucoup moins nombreuses au milieu du XXe siècle. Elles se sont considérablement développées avec les modifications des pratiques d’élevage ovin : augmentation des tailles de troupeaux, moins de bergers pour le gardiennage et pour le soin des moutons.
Les myiases sont responsables d’une importante mortalité des brebis en alpage. Dans des troupeaux non gardés, cette mortalité peut atteindre 20% des brebis en une seule saison d’estive ! (source et + d’infos dans cet article spécialisé) ! On comprend donc l’utilité du gardiennage des troupeaux, non seulement pour les protéger contre les loups, mais aussi pour soigner les brebis.
Or en zone de présence de loups, le salaire des bergers (employés par les éleveurs) est subventionné à plus de 80%. Grâce au loup, les troupeaux retrouvent donc des bergers… et les brebis peuvent être mieux soignées ! Sauf que dans la Vienne par exemple, il n’y a pas de loup, donc les éleveurs ne peuvent pas financièrement embaucher un berger aussi facilement. (Source : Un asticot agressif s’attaque aux moutons, la Nouvelle République, 13/10/2016)

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En France, la consommation de viande ovine a baissé de 50% en 23 ans.
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En France, seule 41% de la viande ovine consommée est produite sur le territoire national © Interbev

Problème n° 2 : le Brexit

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne va-t-elle déstabiliser le marché de la viande ovine ? La viande d’agneau anglaise risque d’être plus compétitive à l’export. Et les productions irlandaise, néo-zélandaise et australienne, écartées du marché anglais, risquent d’arriver en masse dans les rayons français… qui comptent déjà beaucoup de viandes importées.
Une situation difficile pour la filière française, déjà réduite à peau de chagrin : depuis les années 80, le cheptel français a diminué de moitié et le nombre d’éleveur s’est effondré. « En France, l’agneau n’est pas culturel, c’est une viande festive, consommée par des gens âgés qui ont un revenu supérieur à la moyenne. On perd des consommateurs chaque année! » regrette un responsable de la filière. Même constat au niveau européen : la consommation de viande d’agneau diminue de façon généralisée. (Source : Chez les éleveurs de brebis français, la peur du Brexit, AFP, 7/10/2016)

Problème n° 3 : la retraite

Autre motif d’inquiétude : le renouvellement des générations. D’ici 5 à 10 ans, 50% des 49.000 éleveurs français (qui combinent souvent d’autres productions agricoles) devraient partir à la retraite.

Alors au lieu de crier sans cesse au loup, si on parlait un peu des vrais problèmes de la filière ovine ?

CAP Loup, Collectif des Associations Pour la Protection du Loup en France

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