Lynx dans les Vosges : la Commission européenne toujours ignorante de la situation dramatique

Lynx dans les Vosges : la Commission européenne toujours ignorante de la situation dramatique

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Photo © Jérôme Bauer

Face à l’immobilisme de l’Etat sur la question du lynx, face aux difficultés rencontrées pour sauver la population vosgienne, FERUS a alerté Sandrine Bélier, alors députée européenne EELV, pour nous venir en aide et faire entendre nos revendications au niveau européen.
Sensible à la question de la biodiversité et de la conservation des grands prédateurs, Sandrine Bélier, qui a déjà collaboré avec FERUS sur l’ours, a adressé une question parlementaire à la Commission européenne le 6 janvier 2014 :

Objet : Protection du lynx dans les Vosges (France)

Le lynx boréal est une espèce protégée dans l’Union européenne au titre des annexes II, III et IV de la directive «Habitats». Au niveau français, le lynx boréal est protégé par la loi du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature et par l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères (mis à jour le 23 avril 2007). Pourtant sur la Liste rouge des espèces menacées en France de l’Union internationale pour la conservation de la nature, l’espèce est classée «en danger». Les associations de protection de l’environnement observent notamment que la présence du lynx dans le noyau vosgien est en régression tandis que la population du noyau jurassien tend à stagner (Source: Réseau loup/lynx de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS)). Selon le réseau loup/lynx de l’ONCFS, un seul lynx a été identifié dans les Vosges durant le suivi hivernal de 2013.

Au regard de ces éléments, l’avenir du lynx en France n’apparaît pas pleinement assuré et impose une grande vigilance. Malgré les appels des associations de conservation de la nature et des scientifiques en ce sens, le lynx ne bénéficie d’aucun plan de conservation à l’échelle nationale, à la différence par exemple du loup ou de l’ours (plan de conservation et de restauration de l’ours brun dans les Pyrénées jusqu’en 2009).

La Commission a-t-elle connaissance des menaces qui pèsent sur la préservation du lynx boréal en Europe et plus particulièrement en France?

Selon elle, quelles mesures de protection nationales pourraient être prises? Juge-t-elle que la mise en place d’un plan national de conservation du lynx par l’État français puisse permettre de mieux protéger cette espèce d’intérêt communautaire ?

La Commission a répondu le 21 février 2014 :

Réponse donnée par M. Potočnik au nom de la Commission

Le lynx boréal (Lynx lynx) est repris aux annexes II et IV de la directive «Habitats»(1). L’espèce est strictement protégée en France ainsi que dans la plupart des États membres et nécessite la désignation de sites Natura 2000 dans son aire de répartition naturelle. La Commission a connaissance de la situation du lynx en France et en Europe en se fondant principalement sur des rapports spécifiques concernant le statut des grands carnivores en Europe(2) et sur des rapports présentés par les États membres en application de l’article 17 de la directive «Habitats».

La France a désigné 59 sites Natura 2000 pour la préservation du lynx qui font déjà ou feront l’objet de plans de gestion («documents d’objectifs» (DOCOB)) visant à mettre en œuvre les mesures de conservation nécessaires à l’espèce et à son habitat. Par ailleurs, d’autres zones protégées telles que des réserves naturelles et des parcs nationaux ou régionaux sont favorables à l’espèce. Il incombe aux autorités françaises de décider des mesures de gestion (plan d’action national ou tout autre type de mesure) nécessaires pour obtenir un statut de conservation favorable. Les meilleures pratiques en matière de gestion des grands carnivores peuvent être consultées sur le site internet de la Commission(3).

De plus, le cadre juridique actuel et à venir relatif à la politique de développement rural soutient l’élaboration et la mise à jour de plans de protection et de gestion liés aux sites Natura 2000 et à d’autres zones de haute valeur naturelle.

N’ayant en sa possession que les dernières données transmises par la France faisant encore état de 19 lynx dans les Vosges, l’Europe donne donc une réponse à la lumière de ce dont elle dispose, sans chercher à aller plus loin. Nos signaux d’alarmes restent sans retour puisque leurs données ne sont pas alarmantes… Aucune mise à jour officiel de ces données n’est venu faire état de la situation malgré nos diverses interventions (comme lors du workshop sur les grands prédateurs à la Commission européenne en décembre 2013). FERUS déplore cette non-réactualisation des données de la part de l’Etat français et l’incapacité de la Direction générale de l’environnement de la Commission à prendre en compte notre mise à jour (pourtant issue du bulletin du réseau loup de l’ONCFS d’avril 2013, p. 16).

Lire aussi nos propositions pour la définition d’un « Plan national de conservation du lynx en France » définies il y a déjà 5 ans mais parfaitement d’actualité car toujours rien n’a été fait !

Voir aussi sur le blog de Sandrine Bélier : Préservation du Lynx boréal : un plan national est nécessaire

(1)concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages, JO L 206 du 22.7.1992.
(2)http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/species/carnivores/conservation_status.htm
(3)http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/species/carnivores/promoting_best_practices.htm

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