
Communiqué de FERUS
Ce jeudi 5 juin, le Conseil européen vient d’entériner une décision lourde de conséquences : le déclassement du loup du statut d’espèce « strictement protégée » à celui de « simplement protégée » dans le texte de la Directive Habitats. Une décision inacceptable, contraire à la science, au droit européen et aux engagements de l’UE.
Sous la pression de certains lobbies agricoles et cynégétiques, la Commission européenne, encouragée par sa présidente en personne, a choisi d’ignorer les avis de la communauté scientifique et les données disponibles. C’est pourquoi plusieurs associations, dont FERUS fait partie, ont saisi la Cour de justice de l’Union européenne pour obtenir l’annulation de cette décision. La procédure est en cours, mais les institutions européennes ont forcé les procédures et le calendrier des négociations afin d’obtenir un résultat immédiat.
Ce déclassement est un signal politique dangereux. Il ouvre la voie à une vision que l’on croyait dépassée du rapport entre l’homme et la nature, dans laquelle les grands prédateurs sont traités comme des ennemis à abattre. C’est une dérive grave qui menace toute l’architecture de la protection de la nature en Europe.
En France, cette décision intervient dans un contexte déjà alarmant et localement très tendu. Alors que la population de loups reste fragile et vulnérable, environ 200 individus sont tués légalement chaque année. Les tirs illégaux, eux, se multiplient en toute impunité. Et pourtant, selon les critères mêmes de la directive européenne, le loup n’a pas atteint un état de conservation favorable sur le territoire français. Cette nouvelle mesure ne va faire qu’aggraver la situation, mettant en péril les efforts de cohabitation et de protection des troupeaux mis en place ces dernières années, qui ont prouvé maintes fois leur efficacité.
Le prétexte de protection de l’élevage n’est qu’un leurre. Ce ne sont pas les loups qui mettent en péril l’agriculture, mais l’abandon des politiques de soutien au monde rural. Ceux qui votent le déclassement du loup sont aussi ceux qui votent les accords d’échanges internationaux avec la Nouvelle-Zélande et le Mercosur, qui mettent en péril l’agriculture française. Faire du loup un bouc émissaire, c’est cacher les vraies causes du malaise agricole, et détourner l’attention des responsabilités politiques. Le loup joue un rôle écologique essentiel, marqueur de la bonne santé du monde vivant qui nous entoure. Le sacrifier sur l’autel des intérêts électoraux et économiques est une faute majeure, qui aura de lourdes conséquences.
Si le loup peut être sacrifié, qu’adviendra-t-il demain de l’ours, du lynx, ou de tout autre animal « gênant » ? Ce sont les fondations de la protection de la nature qui vacillent. FERUS refuse de laisser le mensonge et la peur décider. Nous dénonçons la manipulation des chiffres, l’opacité des négociations, le mépris total de l’expertise scientifique et la trahison des engagements européens.
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Prochaines étapes : La Directive Habitats modifiée sera publiée prochainement au Journal officiel de l’Union européenne (JOUE) et entrera en vigueur 20 jours après cette publication. Les États membres disposeront ensuite d’un délai de 18 mois pour transposer cette modification dans leur législation nationale.