Depuis le début de l’année on assiste à une avalanche d’attaques contre les loups, mais leurs défenseurs ont aussi remporté quelques modestes victoires.
PROTECTION FÉDÉRALE
D’abord, les mauvaises nouvelles.
Malgré l’opposition du public, le Sénat a confirmé la nomination de Brian Nesvik à la tête de l’Agence Fédérale de la Faune Sauvage (US Fish & Wildlife Service). Ancien directeur du Département de la Pêche et de la Chasse du Wyoming, Nesvik a milité pour le retrait de la protection fédérale aux loups et aux ours grizzli, a prôné la gestion létale et a régulièrement fait passer les intérêts de la chasse et de l’élevage avant ceux de la science. Il dirige maintenant une agence en charge de protéger les animaux-mêmes qu’il a ciblés durant toute sa carrière.
Les loups sont menacés par trois projets de loi :
- HR945 de la députée républicaine d’extrême droite du Colorado Laurent Boebert visant à retirer le loup de la liste des espèces en danger dans les 48 États continentaux. Sous cette loi, les loups perdraient toute protection fédérale sans recours juridique possible et leur gestion serait transférée aux États ;
- HR4255 du député républicain d’Arizona Paul Gosar cherchant à retirer le loup gris mexicain de la liste des espèces en danger, jugeant que l’espèce a atteint un statut de conservation favorable. La population actuelle est estimée à 286 individus, ce qui est loin du chiffre minimum de 750 que la communauté scientifique déclare nécessaire pour assurer la viabilité de l’espèce ;
- HR5171 du député républicain de l’Oregon Cliff Bentz qui a l’objectif de retirer la protection fédérale à la totalité des loups de l’Oregon et de l’État de Washington
En riposte, le Wisconsin et la Californie ont engagé des actions pour assurer aux loups une protection locale stricte si ceux-ci venaient à perdre toute protection fédérale.
Et malgré tout, ouf ! une nouvelle positive.
Le 5 août 2025, le juge fédéral Donald Molloy a statué que l’Agence Fédérale de la Faune Sauvage avait eu tort de refuser le rétablissement de la protection fédérale pour les loups des Rocheuses du Nord, citant l’extrémisme des politiques anti-loup du Montana comme une menace pour la survie de l’espèce. Le juge a ordonné que l’Agence revoie sa décision en se basant sur les plus récentes études scientifiques. Trois organismes ont déjà indiqué vouloir faire appel de cette décision, dont Safari Club International. Greg Gianforte, le gouverneur notoirement anti-faune du Montana, a affirmé vouloir maintenir une gestion létale du loup, déclarant « Le Montana dispose d’une population de loups viable et en bonne santé. Cette décision n’impactera pas nos efforts de gestion, ni notre saison de chasse aux loups. Malheureusement, nous ne sommes pas surpris de voir une décision partisane de plus en faveur d’extrémistes environnementaux. »
MONTANA
Le 21 août, le Département de la Pêche, de la Faune et des Parcs du Montana (MFWP) a établi de nouvelles règles pour 2026. Malgré l’absence de données fiables et en dépit de l’opposition écrasante du public (83%), le département a fixé un quota de 458 loups pouvant être tués pour la saison 25-26 (une augmentation de 35% par rapport à 2024). 100 loups supplémentaires pourront également être éliminés lors de « destructions contrôlées » autorisant agents fédéraux et citoyens privés à tirer sur tout loup « constituant une menace ». Selon le MFWP, le Montana compte environ 1 091 loups, c’est donc la moitié de la population locale qui est visée. Chasseurs et piégeurs sont autorisés à tuer jusqu’à 15 loups par personne. De l’avis des scientifiques, la méthode de comptage utilisée (IPOM) est très peu fiable et a tendance à surestimer à plus de 150%. Pour justifier ses décisions, le Département argumente que les populations de wapitis sont en déclin dans certaines régions. Cependant, la population actuelle de ces cervidés est d’environ 145 000 individus, un nombre supérieur à celui précédant le retour du loup (109 500) et qui se situe dans la moyenne des objectifs de conservation. Quant aux prédations sur les animaux domestiques elles n’ont jamais été aussi faibles, avec seulement 62 pertes (bovins, ovins et chiens de protection confondus) en 2024 sur un total de 2,12 millions de bovins et 190 000 ovins.
La saison de la chasse a donc débuté le 1er septembre et se terminera le 15 mars 2026. Hélas on déplore déjà la perte d’un loup du parc de Yellowstone. Membre de la meute Junction Butte et fille de la matriarche 907F (disparue cette année de causes naturelles), la jeune louve 1479F a été tuée « légalement » le 17 septembre dernier. Âgée de deux ans et demi seulement et dotée d’un tempérament malicieux, elle était l’une des favorites des visiteurs du parc et sa mort a soulevé une grande vague de tristesse.
Après un an et demi d’indignation nationale, le 20 août dernier Cody Roberts a été inculpé du délit de cruauté envers un animal, passible d’une peine de prison de 2 ans et d’une amende de 5 000$. Pour mémoire, fin février 2024, Roberts avait utilisé une motoneige pour poursuivre une jeune louve jusqu’à épuisement, avait capturé l’animal blessé, ligoté son museau à l’aide de ruban adhésif, avant de l’emporter d’abord chez lui, puis dans un bar local où il l’avait paradée avant de la tuer d’un coup de fusil. À l’époque il n’avait écopé que d’une amende de 250$. L’inculpé a annoncé son intention de déposer un recours en appel.
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COLORADO
La présence de trois meutes est maintenant confirmée dans cet État : One Ear, King Mountain et Three Creeks. Elles s’ajoutent à la meute Copper Creek, la première à s’y rétablir. Cette nouvelle positive survient après la perte de 6 loups entre mars et mai 2025, y compris la destruction intentionnelle d’un jeune mâle de la meute Copper Creek après l’allégation d’attaques répétées sur du bétail. 2 autres loups furent tués « légalement » au Wyoming après s’être déplacés dans cet État où l’espèce ne bénéficie d’aucune protection. Parmi les trois autres victimes, l’un est mort d’une blessure occasionnée par un piège et l’autre des suites de l’attaque d’un puma.
LOUP GRIS MEXICAIN
On se souviendra de la petite louve Asha, qui avait défié les autorités par deux fois en s’aventurant au-delà de frontière artificielle de l’autoroute I-40. Détenue en captivité depuis 18 mois et rebaptisés « meute Quartz » Asha et sa famille ont finalement été relâchés sur une propriété de 630km2 près de la forêt nationale de Gila au Nouveau Mexique.
S’inspirant peut-être de cet exemple, un jeune loup surnommé Taylor a lui aussi traversé l’autoroute I-40 pour la deuxième fois. Il a parcouru plus de 150 miles depuis la Gila Wilderness jusqu’à Mount Taylor, la région où il avait déjà été recapturé précédemment.
Par Catherine Frizat pour FERUS














