Loups en France : une population fragile sous surveillance

Loups en France : une population fragile sous surveillance

© Bérengère Yar
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Une étude récente menée par le Muséum National d’Histoire Naturelle et l’Office Français de la Biodiversité dresse un état précis de la population de loups en France et propose des projections peu réjouissantes pour les années à venir. En voici un résumé :

Les données collectées depuis près de 30 ans montrent que la population de loups a d’abord connu une phase d’expansion rapide : le nombre de meutes a doublé en peu de temps dans les années 1990-2000. Mais, depuis 3 ans, le nombre de loups estimé sur le territoire français stagne. Pour les années à venir, dans certains scénarios, on observe une possibilité de décroissance de la population.

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Le rôle des tirs

Les tirs dits « dérogatoires » visent à limiter les prédations sur les troupeaux domestiques. Leur impact est donc intégré dans les projections démographiques de cette étude.

Sans tirs, la population pourrait croître entre 12 et 31 % par an. Avec les niveaux actuels de prélèvement (environ 19 % des effectifs, soit environ 200 loups par an), la balance est plus incertaine : dans certaines années, ce plafond (qui est en réalité un quota déguisé) est inférieur à la croissance naturelle. Dans d’autres il peut la dépasser, ce qui risque de faire baisser le nombre total de loups.

Concrètement, les modèles estiment qu’avec 19 % de prélèvement, il y a plus d’un risque sur deux (56 %) que la population diminue dès l’hiver prochain.

Jusqu’en 2035, les scientifiques envisagent donc différents scénarios : certains montrent une population stable, d’autres une baisse sensible. Tout dépendra du niveau des prélèvements mais aussi de facteurs imprévisibles comme la mortalité naturelle, les collisions routières, le braconnage ou encore l’installation de nouvelles meutes hors des Alpes.

Maintenir un suivi ciblé et rapproché

Aujourd’hui, la stratégie repose surtout sur un plafond national de prélèvements. Or, les prédations de loups sur les troupeaux sont très variables selon les territoires, et pas forcément liées au nombre total de loups en France. Les chercheurs suggèrent donc une approche plus adaptative : ajuster les tirs au fil du temps et cibler davantage les zones où les dégâts sont les plus problématiques, plutôt que de raisonner uniquement en termes d’effectifs globaux.

Pour piloter cette gestion raisonnée, le suivi annuel des loups est indispensable. Il permet de détecter rapidement des changements de tendance, d’évaluer les nouvelles zones de colonisation (par exemple dans le Massif central ou le Grand Est) et d’adapter les décisions en conséquence.

En résumé, cette étude souligne le fait que la population de loups en France n’est plus en forte expansion et qu’elle se trouve aujourd’hui à un seuil fragile : selon les prélèvements décidés chaque année, elle ne pourra que croître légèrement, plus probablement se stabiliser ou décliner. Cette étude plaide pour une gestion fine, ciblée et adaptable, qui tienne compte à la fois des besoins de conservation de l’espèce et de la protection des troupeaux.

La protection des troupeaux doit être une priorité

Rappelons que l’efficacité des tirs létaux pour réduire la prédation des troupeaux n’a jamais été démontrée. En revanche, une protection intégrale, adaptée et bien mise en œuvre produit des résultats concrets. Dans les zones où le loup est solidement implanté, comme l’arc alpin, les meutes se sont stabilisées et la généralisation des mesures de protection a entraîné une baisse de la prédation (‑4,9 % en 2024). Lorsqu’il y a prédation, les tirs d’effarouchement se révèlent par ailleurs plus efficaces : ils amènent les loups à associer les animaux domestiques à une présence humaine risquée et à les éviter. Comme le souligne l’éthologue Jean‑Marc Landry, spécialiste du loup, la dissuasion et la protection des troupeaux sont des solutions préférables à l’éradication.

À quand une réelle considération des chiffres et des résultats scientifiques par l’État qui semble, pour le moment, ne répondre qu’aux demandes aveugles de certains syndicats agricoles ?

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