Tirs de loups : l’hécatombe silencieuse

Tirs de loups : l’hécatombe silencieuse

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Depuis 2004, l’État français autorise des tirs de loups. En 2004, quatre loups pouvaient être abattus. En 2023, ce chiffre est de 174 ! Soit 19 % de la population de loups estimée en France, un pourcentage de prélèvement plus élevé que pour des espèces gibier. Avec 174 loups pouvant être abattus, ce sont toutes les familles de loups qui sont susceptibles d’avoir un de leur membre tué cette année. 174 loups, c’est également un loup tué tous les deux jours dans notre pays.

Rappelons que le loup est pourtant une espèce strictement protégée selon les lois européennes et françaises… Et une espèce également toujours menacée et vulnérable car si les Alpes et la Provence sont occupées par des familles de loups qui se reproduisent régulièrement, il n’en est rien sur les fronts de recolonisation (Bourgogne Franche-Comté, Grand Est, Bretagne, Pyrénées, Massif central) où la reproduction est minime ou inexistante. Dans ces zones, les pouvoirs publics continuent pourtant de tuer des loups, empêchant ainsi le retour naturel de l’espèce alors que les habitats naturels sont largement favorables à son installation. Derniers exemples en date : il y a quelques jours, un loup a été abattu en Corrèze, un autre en Saône-et-Loire alors qu’il s’agit des rares, voire des seuls, animaux présents. Une honte !

Situation au 12 mai 2023

48 loups ont déjà été abattus (contre 19 à la même date en 2022). Dans les Alpes-de-Haute-Provence, c’est carrément l’hécatombe avec 17 loups tués (contre 22 dans le département pour toute l’année 2022). Une hécatombe silencieuse car du côté de la préfecture et de la DDT *, c’est un silence assourdissant : aucun communiqué sur les tirs eux-mêmes ou sur les chiffres de la prédation. A croire que les pouvoirs publics du département ont décidé de mettre les bouchées doubles pour tuer le plus de loups possible.

* et même de l’État…

Pourquoi des tirs de loups ? L’État français autorise ces tirs de loups pour soit disant protéger les troupeaux alors qu’aucune étude n’a pu apporter la preuve de cette prétendue efficacité. Ces tirs ne sont pas une solution pérenne car le biotope étant favorable, d’autres individus réinvestiront la zone rapidement.

On ne le répétera jamais assez : seuls les vrais moyens de protection fonctionnent sur le long terme (chiens de protection, surveillance humaine, fils électriques etc), comme c’est le cas dans une majeure partie des troupeaux en zone historique de présence du loup.

Par ailleurs, nous demandons le retour des tirs d’effarouchement systématiques avant tout tir mortel.

OUI A LA COHABITATION !

Pour finir, FERUS déplore que l’État français gaspille de l’argent public et du temps pour former des chasseurs à tuer des animaux d’une espèce protégée, encore récemment dans le Doubs, front de recolonisation de l’espèce. De notre côté, nous sommes fiers d’utiliser plutôt nos ressources en mobilisant des équipes chargées de surveiller activement les troupeaux bovins avec le lancement cette année de notre programme PastoraLoup – Massif du Jura : environ 70 bénévoles locaux se sont déjà manifestés ! Des chiffres qui montrent un réel engouement du public pour la cohabitation loups / troupeaux et dont l’État français devrait s’inspirer.

Depuis le lancement de notre programme PastoraLoup Alpes en 1999, plus de 800 bénévoles se sont succédé sur les alpages avec des taux de prédation proches de zéro.

Preuve que la protection marche !


Communiqué de l’association FERUS, 15 mai 2023