Dérochement de 132 brebis à Luz (65) : Les questions qui dérangent

Dérochement de 132 brebis à Luz (65) : Les questions qui dérangent

© E. Comte / FERUS
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Communiqué Pays de l’Ours-ADET / FERUS, 22 juillet 2016.

Dérochement de 132 brebis à Luz (65) : Les questions qui dérangent

132 brebis sont mortes d’une chute dans un secteur extrêmement escarpé à Luz Saint-Sauveur dans la nuit du 1er au 2 juillet 2016. Les associations anti-ours et éleveurs locaux ont immédiatement et habilement orchestré une campagne médiatique de mise en cause et de dénigrement de l’ours.

Or, la Commission des dégâts d’ours du Parc National vient de décider d’indemniser ces bêtes « au bénéfice du doute », c’est à dire sans que l’expertise ait pu mettre en évidence la responsabilité de l’ours, pourtant présentée par les opposants comme évidente et indiscutable …

Maintenant que le dossier est clair, vient le temps des questions, y compris de celles qui dérangent :

  • Quid de la brebis mordue ?
    L’éleveur a maint fois mentionné aux médias des morsures sur une brebis comme preuve de la responsabilité de l’ours, mais rien de tel ne figure sur l’expertise. Il aurait pourtant été aisé pour un expert de distinguer s’il s’agissait de morsures d’ours ou de chien. Ces morsures ont elles seulement jamais existées ? Ou ont-elles été cachées aux experts de peur de la conclusion ? Dans les deux cas, l’éleveur a menti.
  • Sur quels éléments objectifs s’est basé la Commission Dégâts d’ours (CIDO) du Parc National pour indemniser ces bêtes ?
    Un ours était bien présent dans le secteur, repéré grâce aux pièges-photo du réseau ours brun. On ne peut pour autant en conclure qu’il est responsable du dérochement de ce troupeau. En effet, chacun des 30 ours présents dans les Pyrénées passe chaque nuit à proximité de troupeaux, heureusement sans faire systématiquement de dégâts, et encore moins de dérochement ! Sinon, nous en compterions 30 par jour, 210 par semaine, plus de 3 000 par été … !
    Or, on ne recense que trois dérochements indemnisés en Pyrénées occidentales depuis 2001, et tous ont été indemnisés « au bénéfice du doute », c’est à dire sans que l’ours n’ait pu être mis en cause …. Idem en Ariège en 2014. La probabilité que l’ours soit responsable est donc très faible. La décision n’a t-elle pas plutôt était prise sous la pression des opposants à l’ours que sur le dossier des experts ? Leur donner ainsi raison ne revient-il pas à les encourager dans leurs mensonges, leurs prises de position radicales et leurs manifestations violentes ?
    Les effets ne se sont pas fait attendre : le jour même, d’autres éleveurs des Hautes-Pyrénées demandaient l’indemnisation de bêtes mortes sans trace de prédation, juste parce qu’un ours est passé dans le secteur …
  • Qu’a fait l’éleveur après avoir été informé à l’avance de la présence de l’ours par le système d’alerte en temps réel mis au point par l’ONCFS et le Parc National ?
    A t-il pris quelque mesure que ce soit pour rassembler et protéger son troupeau ? Non, rien !
    A quoi donc sert ce système d’alerte que l’on nous présentait comme la solution pour apaiser le climat et permettre une meilleure cohabitation ?
  • Enfin, (mais pas la moindre), que faisaient les brebis depuis plus de 10 jours dans cette zone hyper-dangereuse ?
    Plusieurs témoignages de bergers les y ayant vues convergent : « Ours ou pas ours, elles n’avaient rien à faire là, c’est beaucoup trop dangereux ! « 
    Et c’est tellement vrai qu’il a fallu aux experts un hélicoptère pour accéder à la zone …
    Rappelons que 80% de la mortalité des brebis en estive sont dus à des chutes accidentelles …
    Est-il bien raisonnable d’indemniser ainsi sans broncher sur des fonds publics un préjudice que l’éleveur n’a rien fait pour éviter, ni de manière préventive, ni-même en étant informé de la présence d’un ours ?

Il ressort de tout ça que l’ours a bon dos, et que l’indemnisation « au bénéfice du doute » est de plus en plus détournée en une assurance « tous risques ».
On peut comprendre qu’un éleveur cherche à être indemnisé d’un tel drame, et malheureusement le seul moyen de l’obtenir est de mettre l’ours en cause, mais la répétition de ces abus met en péril le système d’indemnisation qui ne pourra pas perdurer ainsi longtemps.
Il ne restera peut être plus pour longtemps le système d’indemnisation le plus rapide, le plus complet et le plus généreux d’Europe, ce qu’il est actuellement.

Ce jour là, c’est l’ensemble des éleveurs, particulièrement ceux qui font l’effort de protéger leur troupeau, qui pâtira des abus et de l’attitude irresponsable de quelques-uns.

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