Des emplois d’avenir pour aider à tuer les loups ?

Des emplois d’avenir pour aider à tuer les loups ?

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Photo © Morgane Bricard

La préfète des Alpes de Haute-Provence donne des gages au monde de la chasse et en rajoute sur le loup. Faut-il en rire ou en pleurer ?

Lors de l’assemblée générale de la Fédération départementale des chasseurs des Alpes de Haute-Provence qui a eu lieu à Digne les Bains le week-end dernier, la Préfète, Patricia Willaert, est intervenue pour déclarer que « le loup et la prédation constituent un enjeu prioritaire dans notre département ». Elle a listé les dispositions envisagées dans le cadre du nouvel arrêté ministériel relatif au protocole d’intervention sur la population de loups et, au-delà le fait d’autoriser des tirs de défense pluriannuels et de faciliter le recours aux tirs renforcés (prélèvement de plusieurs loups lors de chasses à l’approche, à l’affût ou en battues au grand gibier), elle a également fait allusion à l’expérimentation de caméras thermiques par l’ONCFS et de chiens pisteurs pour les tirs de prélèvement.

Le comble est atteint lorsqu’elle a indiqué que « des brigades devraient être constituées avec des emplois d’avenir pour aider à la mise en oeuvre des tirs de défense renforcée et des tirs de prélèvement » (source « La Provence » du 27 avril 2015).

Ainsi donc, l’avenir des jeunes de la région passe par le massacre des loups…

Pour toute réaction, ci-après le « coup de gueule » d’une adhérente des Alpes de Haute-Provence, Danny Beauseigneur, qui se passe de commentaires :

« Douce France » qui n’en est plus à un paradoxe près, voilà que tu marches à l’envers : la « méchante reine » appelle encore à « couper des têtes »,  les bergers veulent parquer les loups dans des « zoos » , le président de la fédération des chasseurs exhorte à la sortie de la convention de Berne et, cerise sur le gâteau, voilà que la représentante de l’état dans le département des Alpes de Haute-Provence avance une solution au problème plus que saugrenue et au demeurant scandaleuse et aberrante : faire appel à des emplois d’avenir pour aider ces pôôôôôvres gens à parvenir à leurs fins ! Si l’on comprend bien l’idée lumineuse de Mme la Préfète, il ne s’agit, ni plus ni moins, que de former des jeunes au maniement du fusil pour se livrer à l’abattage systématique du loup ! Simple rappel sur la finalité de la création des emplois d’avenir : l’insertion professionnelle. Faut-il donc en déduire que nous assistons aujourd’hui à l’émergence d’un nouveau métier en l’occurrence celui de « chasseur de loups »? Bravo! Nul doute que la « spécialisation » sur le CV du jeune influera sur la courbe du chômage ! Les « têtes à couper » ne sont vraiment pas là où on pourrait le penser ! En effet, il semble que la cruciale incohérence de la proposition préfectorale réside dans le fait que penser qu’armer le bras de nos jeunes pour soutenir cette volonté d’en finir avec le loup puisse avoir un quelconque rapport avec l’avenir ! Dramatique paradoxe de cette opposition de la notion d’avenir avec celle de retour en arrière. Nos jeunes, nous avons essayé de les élever dans le respect de la nature qui nous entoure (pas jeter les déchets au sol… merci les chasseurs pour les douilles, privilégier le tri sélectif, économiser l’eau etc.) et voilà que nous leur demandons de scier la branche sur laquelle ils sont assis? A défaut de tête… les bras m’en tombent.