La Gazette des grands prédateurs n° 63 (mars 2017)

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Éditorial par Yves Paccalet

Délires paranoïaques à soigner d’urgence

Les journalistes (je les connais, je pratique leur métier) reflètent la réalité de manière parfois bizarre. La plupart d’entre eux exercent leur profession avec le souci des faits et des preuves (ne parlons pas d’« objectivité », c’est un inaccessible rêve). Ils vont sur le terrain, questionnent, enquêtent, recoupent, argumentent. Certains de leurs collègues, détenteurs de la même carte de presse, propagent des nouvelles partielles ou partiales, bancales, infondées, fumeuses, imaginaires, mal (ou pas du tout) vérifiées. Ils vont trop vite – trop pressés ou trop mal payés. Ils se contentent d’un seul son de cloche. Ils cèdent au plaisir du titre cinglant, de la formule assassine, du raccourci percutant.

Lorsqu’on parle des loups, des ours, des lynx, des renards, ailleurs des requins, des tigres ou des lions, bref des grands prédateurs, tous les dérapages semblent se jeter
sous la plume ou sous la langue des plumitifs à la déontologie intermittente. Le chapitre des grands animaux, quand de surcroît ils ont de fortes dents ou des griffes puissantes, est propice aux fantasmes, aux exagérations, à l’allumage des peurs. Comme disent certains rédacteurs en chef ou patrons de presse : « C’est ce qui fait vendre, coco ! »

Prenons quelques titres récemment publiés par des journaux papier, radio, télé ou Internet. On se demande ce qu’ils incluent de plus consternant ou de plus ridicule. Ils portent (ou non) une signature, et relèvent de la désinformation la plus lamentable, du recours aux émotions les plus basses, de la négation des recherches scientifiques les plus incisives. Tous portent la marque infâmante du n’importe quoi, de la référence à la légende, de la transcription du racontar plutôt que de l’enquête pondérée. Ces titres aguichants sont suivis de développements tout aussi grotesques. Ils mériteraient d’être
étudiés dans les écoles de journalisme, à la rubrique « ce qu’il ne faut pas faire ». On ne citera, ici, ni leurs auteurs, ni les médias qui leur offrent la parole : inutile d’alimenter leur
célébrité discutable.

Petit échantillon… Séquence n’importe quoi. Festival de l’abus de pensée, de la soumission à la rumeur, de la frayeur moyenâgeuse, de la résurrection du conte à dormir debout à la sauce hémoglobine actuelle… Voici revenus le Petit Chaperon Rouge, la Bête du Gévaudan, le Grand Méchant Loup, le Loup-Garou, l’Ours en Furie et tous les autres…
« Des loups sur les pistes de ski de la Drôme ! »
« La planète a peur du Grand Méchant Loup. »
« Le loup aux portes des maisons du Trièves. »
« Les éleveurs de moutons hurlent au loup ! »
« Ours : Assez de réintroductions ! »
« Le loup ne craint plus les humains. »
« Les loups menacent la Lozère. »
« Les loups massacrent les chevreuils sur les pistes de Courchevel. »
« La Lorraine se prépare au retour redouté du loup. »
« Un loup aux portes de Cannes : une jeune chasseuse l’a rencontré dans un
parc fréquenté par les familles… »
« Les loups sont-ils déjà entrés dans Paris ? »

Titres idiots, articles de même niveau… Les propagateurs d’angoisse qui les signent sont ignorants ou malveillants. Bêtes et méchants. Délires paranoïaques à soigner d’urgence !

Yves Paccalet, vice-président de FERUS.

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