La mairie de Puebla de Sanabria (Zamora) est parvenue à un accord autour du loup entre les éleveurs, l’Administration Publique et l’Association pour la Conservation et l’Étude du Loup ibérien (ASCEL).
L’objectif est de créer le Refuge du Loup (Refugio del Lobo), un centre qui servira de référence mondiale et qui sera situé en plein cœur de la Sierra de la Culebra ; cette zone, avec plus de 65 000 hectares, abrite l’ une des plus grandes populations lupines en densité de la Péninsule Ibérique et de l’Union Européenne.
Le Refuge du Loup permettra de mener à bien des études et des programmes de conservation de l’espèce mais servira aussi de centre d’information pour le grand public. De manière parallèle, il promouvra le développement durable de la zone à travers l’éco-tourisme responsable. Le maire de la commune, José Fernández Blanco, est le moteur de cette initiative qui a commencé à germer en 1998 après un voyage avec le groupe écologiste Ciconia à la Maison des Loups, en France. « À notre retour, nous avons tant aimé ce que nous avons vu là bas que nous avons voulu transférer l’idée à notre région », rappelle le maire. « Mais à l’époque, l’idée n’avait pas été retenue ».
L’idée a pu commencer à se réaliser en 2004 quand la mairie de Puebla de Sanabria a obtenu 356 000 euros de fonds européens puis, trois années plus tard, l’appui de la Fondation Biodiversité (Fundación Biodiversidad) avec 250 000 euros de plus.
La première phase du projet a consisté à clôturer six hectares qui accueilleront des meutes en semi-liberté. Des chemins permettront d’observer les loups ; José Fernández Blanco insiste toutefois : « nous ne voulons pas d’un zoo ».
La prochaine phase verra les murs du centre se lever. L’ouverture est prévue mi-2011.
José Fernández Blanco explique que « le centre sera une référence internationale pour l’étude du loup, parce que l’approche sera beaucoup plus intégrale que ceux existants déjà en France ou au Portugal ».
L’attrait qu’éveille le loup apporte avec lui l’occasion de mettre en route un éco-tourisme responsable dans la Sierra de la Culebra. Le biologiste Javier Talegón, qui étudie le loup dans cette région depuis des années 1990, est convaincu qu’un tourisme bien géré peut apporter une contribution bénéfique à la conservation de l’espèce, en pouvant mitiger des conflits potentiels entre les loups et les hommes. Il existe des expériences semblables dans divers parcs des USA, comme Yellowstone, ou Jasper (Canada), ainsi qu’en France, en Pologne et en Roumanie.
Talegón illustre cet éco-tourisme avec les résultats obtenus aux USA : à Yellowstone, on estime que les visites générées par présence du loup peuvent engendrer 8.3 millions de dollars annuels. De même, le centre du loup d’Ely (Minnesota, USA) obtient trois millions de dollars de bénéfices par an.
Conscient de cet attrait touristique, la Mairie de Puebla de Sanabria parie pour renforcer l’image du loup symbole de la région. Fernández Blanco assure que « l’éco-tourisme a déjà un impact positif : non seulement des touristes espagnols, mais aussi de France ou d’Allemagne ». L’idée serait de connaître une réussite comparable à celle de l’ours et de Somiedo. Le loup est non seulement source de préoccupation mais peut aussi se transformer en source de recettes et connaissance.
Source : El lobo, reclamo del turismo responsable (Publico, 21 août 2009)