Consultation publique : L’État persiste dans sa quête de non-sens

Consultation publique : L’État persiste dans sa quête de non-sens

© Jacques Carriat
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Une nouvelle fois, le gouvernement propose de modifier l’arrêté qui fixe « les conditions et les limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus) ». Pour rappel, nous nous étions déjà exprimés contre une première modification en février 2025 : lire l’article.

Sous couvert de mieux les réguler, cette tentative d’encadrement se révèle en réalité incohérente et incomplète. Une consultation publique est en cours — et votre mobilisation est essentielle !

Avant le 10 juin 2025, rendez vous sur la page de la consultation. Postez ensuite votre commentaire en cliquant sur « Déposer votre commentaire » en bas de page. Attention : indiquez bien « avis défavorable » dans le titre de votre commentaire. Personnalisez votre réponse et ne faites pas un simple copier-coller des arguments listés plus bas pour qu’elle soit bien comptabilisée !

Pourquoi s’exprimer contre ce projet ?

D’une part parce qu’il introduit une contradiction majeure : L’État sous-entend qu’il n’existe pas de moyens de prévention vraiment efficaces pour certains troupeaux (bovins, équins) et que, de fait, des tirs de loups peuvent être autorisés pour les protéger, à condition que les éleveurs aient commencé à mettre en place des mesures pour réduire leur vulnérabilité.

Autrement dit, des tirs sont autorisés parce qu’on considère que certains troupeaux ne peuvent pas être protégés correctement — tout en listant tous les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour les protéger. Le loup est d’abord abattu, puis on pense à la protection des troupeaux. On sent ici l’embarras de l’État face à ses propres contradictions.

D’autre part, affirmer qu’il n’existe pas de moyens de protection efficaces pour les troupeaux bovins et équins est tout simplement faux. Ils existent ailleurs en Europe et fonctionnent très bien, comme le montre l’étude « Parangonnage sur la politique publique du loup ».

Enfin, même si une liste de moyens de protection est bien proposée dans ce projet, un seul suffit pour considérer que la « vulnérabilité du troupeau » a été réduite, ouvrant ainsi la voie à une autorisation de tir. De plus, cette liste est trop hétérogène et la dernière option — « toute autre mesure découlant d’une analyse technico-économique territoriale validée par le préfet coordonnateur » — est si vague qu’elle pourrait justifier à peu près tout et n’importe quoi.

Ce raisonnement est donc un non-sens profond et dangereux pour l’espèce, et s’oppose une fois de plus aux avis scientifiques. Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a d’ailleurs rendu un avis défavorable à l’unanimité à ce projet de modification, que ce soit sur la forme ou sur le fond. Lire l’avis du CNPN ici.

Votre voix compte !

FERUS est donc largement défavorable à ce nouveau projet de modification, et vous invite à répondre à cette consultation, en formulant vous aussi un avis défavorable.

Voici quelques arguments que vous pouvez utiliser en ce sens :

  • Le recours à l’effarouchement, pourtant reconnu comme méthode non létale de dissuasion, n’est plus requis avant d’autoriser un tir létal.
  • Le seuil déclencheur d’une autorisation reste très faible : une seule prédation au cours des 12 derniers mois suffit, sans que l’efficacité des tirs pour réduire les prédations soit démontrée à ce jour.
  • L’appréciation de l’état de conservation de l’espèce repose encore uniquement sur les effectifs nationaux, ce qui ne reflète pas la réalité écologique locale.
  • Bien que le texte affirme vouloir encadrer les tirs par des mesures de prévention, il ne prévoit pas l’obligation de mettre en place plusieurs dispositifs efficaces. Une seule mesure, même marginale, peut suffire pour obtenir une autorisation de tir, sans contrôle ni évaluation de son efficacité.
  • Aucune différenciation n’est faite entre les dispositifs encore à l’essai et ceux dont l’efficacité est déjà prouvée, ce qui rend l’ensemble confus et peu opérationnel.
  • Le texte ne prévoit ni accompagnement humain, ni appui financier pour les éleveurs afin de mettre en place ces mesures, ce qui compromet leur réelle application sur le terrain.

Le principal danger de ce projet est d’ouvrir largement la voie à une multiplication des autorisations de tirs de loups, y compris dès la première prédation, sans exigence sérieuse de mise en œuvre de mesures de protection. Il s’agit de fait d’un glissement vers une régulation déguisée de la population lupine, incompatible avec son statut d’espèce protégée. Ce projet risque aussi de démobiliser les éleveurs les plus investis dans la mise en place de dispositifs de protection ambitieux, faute de reconnaissance, d’équité ou de soutien concret.

FERUS demande donc de construire un cadre clair et exigeant, en élaborant un référentiel national spécifique à la protection des bovins et équins, fondé sur les retours d’expérience et les réussites déjà observées en France et en Europe ! Il est impératif de combiner plusieurs mesures complémentaires, choisies en fonction des contextes d’élevage, pour garantir leur efficacité. Un accompagnement technique et financier adapté doit aussi être mis à disposition des éleveurs. Enfin, les analyses territoriales doivent être confiées à des structures neutres et qualifiées, et non à des acteurs hostiles à la mise en place de protections, pour garantir leur objectivité.

Ce projet d’arrêté, loin de renforcer la coexistence entre pastoralisme et prédateurs, affaiblit encore les principes de protection de la faune sauvage, et fait passer la facilité administrative avant la cohérence scientifique.

➡ Participez à la consultation publique avant qu’il ne soit trop tard ! Et partagez cet article autour de vous pour une mobilisation massive !

N.B. : Postez votre commentaire en cliquant sur « Déposer votre commentaire » en bas de page. Attention : indiquez bien « avis défavorable » dans le titre de votre commentaire. Nous vous recommandons de ne pas copier-coller ces arguments afin de personnaliser votre message. Vous pouvez bien-sûr vous en inspirer.