La consanguinité n’affecte pas la survie des lynx ibériques

La consanguinité n’affecte pas la survie des lynx ibériques

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Il reste environ 250 lynx ibériques à l’état sauvage, ce qui en fait le félin le plus menacé de la planète et le carnivore le plus proche de l’extinction en Europe. Cette réduction récente de la taille des populations a été provoquée par la destruction des habitats du  lynx, sa chasse excessive et le déclin de sa principale proie, le lapin européen.

Ce faible nombre entraîne une faible diversité génétique avec tous les risques liés à la consanguinité que cela comporte : portées moins nombreuses, malformations cardiaques ou rénales, incapacité d’adaptation aux éco-systèmes en mutation, etc. On redoutait que cela mène l’espèce tout droit à l’extinction… Il n’en est rien : des généticiens ont découvert que depuis 50 000 ans, le lynx ibérique n’a jamais bénéficié d’une grande diversité génétique et que cela n’a pas pour autant entravé les chances de survie de l’espèce.L’un des chats les plus menacées au monde, le lynx ibérique, ne peut être condamné par sa taille minuscule population.

Pour arriver à ces conclusions, des scientifiques espagnols, anglais, suédois et danois, ont étudié l’ADN mitochondrial – une partie du génome qui est habituellement extrêmement variable – de la population actuelle de lynx ibériques, et ont trouvé qu’il y avait, comme prévu, peu de variation génétique. Mais quand ils ont comparé ces résultats avec l’ADN mitochondrial de fossiles de lynx couvrant les 50 000 dernières années, ils ont découvert qu’il n’y avait pas beaucoup plus de variations génétiques sur ces anciens échantillons : l’espèce a donc toujours été présente en quantité modérée, cela depuis des milliers d’années et sans que cela ne l’affecte d’une quelconque manière.

La population de lynx ibérique est pourtant bel et bien consanguine mais comme le dit le Dr Love Dolen (du Muséum d’Histoire Naturelle de Suède) : « Il y a une différence entre être atteint de consanguinité et en souffrir ». Les lynx ibériques semblent bénéficier d’un très bon capital génétique, et la sélection naturelle officie dans le bon sens en purgeant les plus mauvais « éléments ».

Selon les scientifiques, cette étude est un formidable espoir donné aux écologistes. Le manque de diversité génétique touche d’autres espèces de félins comme le guépard en Afrique, les lions du cratère du Ngorongoro et la panthère de Floride, et on craignait leur extinction à plus ou moins long terme. Pour le professeur Mark Thomas, co-auteur de l’étude, cela indique que certaines espèces peuvent parfaitement s’accommoder d’une faible population, même sur du très long terme.

Pour le Dr Cristina Valdiosera (de l’Université de Copenhague) : « C’est un mythe que certaines espèces sont condamnées par leur génétique. Si une espèce est condamnée, elle l’est seulement par un manque de volonté de la conserver ».

Source : « Iberian lynx not doomed by its genetics », eurekalert.org, 21/08/11

Autres articles sur le lynx ibérique :

– Un lynx ibérique retrouvé criblé de plombs à Séville (août 2011

– Cinq lynx ibériques relâchés en Sierra Morena (janvier 2011)