La Gazette des grands prédateurs n° 67 (avril 2018)

La Gazette des grands prédateurs n° 67 (avril 2018)

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Avril 2018

Éditorial par Hervé Boyac

Le loup, un nouveau défi français

L’année 2018 sera déterminante pour tous les Français soucieux de l’avenir du loup, qu’ils soient naturalistes chevronnés ou simples passionnés. De nombreux défis nous attendent avec l’arrivée du nouveau plan loup, qu’on nous avait annoncé réfléchi et loyal mais finalement contestable. Pendant ce temps là, l’Europe est muette et accepte les dérives : si la population de loups ne baisse pas, elle ne voit rien à redire aux tirs de loups toujours plus nombreux.

On peut comprendre la désapprobation du loup par les éleveurs, les premiers exposés par les prédations. Mais les dirigeants agricoles n’ont pas recherché de solutions satisfaisantes et durables pour renouer avec la rentabilité de l’élevage ovin dans la tourmente, submergé par la mondialisation. Suite à de mauvais choix, les gouvernements successifs n’ont rien solutionné au fil du temps ; ils se sont contentés de verser des subsides. Quant au monde de la chasse, il tire avantageusement les marrons du feu tout en essayant de se faire valoir. Réalité moins compréhensible, une catégorie de personnes est hostile au loup, tels certains fonctionnaires qui dénigrent le loup dans des rapports tendancieux et soutiennent les critiques sur les analyses de l’ONCFS concernant les hybrides. Des médias jettent de l’huile sur le feu afin d’attirer l’attention en effrayant les populations. Les élus locaux attisent, eux, le prétendu risque lié au loup pour montrer « leur attachement » aux populations rurales. Les parlementaires de leur côté annoncent qu’il faut tuer plus de loups au cours de leurs rencontres sous pression avec des éleveurs. De nombreux propos prétendent que le loup a été réintroduit, affirmation passéiste qui n’a plus sa place dans la communication ; il faut oublier ces vieilles rengaines et désormais vivre avec sa présence, du mieux possible. Les cas de braconnage ne sont pas ou peu recherchés : le manque de personnel et de volonté politique les placent au second plan. Et pour un préfet, quelle différence entre un loup tiré officiellement et celui supprimé en action de chasse ?

Edito Gazette 67
Edito Gazette 67

Malgré une chasse sans merci*, le nombre de loups tend à augmenter, et de nouveaux territoires voient arriver le canidé. Mais toujours pas de reproduction dans le massif Central et les Pyrénées alors que l’espèce est présente depuis 20 ans dans ces massifs ! Des tribunaux donnent parfois raison aux associations et annulent des tirs de loups ; hélas ces jugements interviennent souvent à posteriori des tirs. Les résultats de la troisième édition de l’action « Parole de loup » menée au cours de l’été 2017 dans les Alpes par FERUS sont instructifs (Gazette 66). Je compte sur vous et n’oublie pas les lynx et les ours qui ont eux aussi grand besoin de notre soutien.

* Rappel rapide sur les animaux disparus en 24 ans (de 1993 à décembre 2017) : au moins 266 loups tués dont : 147 par tirs officiels ; 45 par braconnages connus ; 43 par accidents ou collisions avec des véhicules ; 31 de causes indéterminées ou incertaines.

Hervé Boyac, administrateur de FERUS

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