Lettre ouverte aux élus qui s’opposent aux lâchers d’ours dans les Pyrénées

Lettre ouverte aux élus qui s’opposent aux lâchers d’ours dans les Pyrénées

© Jure Makovec / AFP
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Le 19 septembre 2018

Lettre ouverte aux élus qui s’opposent aux lâchers d’ours dans les Pyrénées

Mesdames et Messieurs les élus opposés à l’ours,

S’il est bien normal que tout un chacun, et notamment les élus, s’expriment sur toute question de société, certaines positions et attitudes tenues lors de la concertation sur la restauration de la population d’ours dans les Pyrénées ne nous semblent pas dignes de la fonction et des responsabilités d’élus de la République.

Dans un Etat de droit, est-il normal que des élus s’opposent au respect de la Loi ?

Faut-il en effet vous rappeler que la restauration d’une population viable d’ours est une obligation légale de la France en regard de la Directive européenne « Habitats, faune, flore », et ce depuis son vote en mai 1992 ?

Faut-il vous rappeler la condamnation de l’Etat le 6 mars dernier par le Tribunal Administratif de Toulouse précisément pour le non-respect de cette loi ? Ou encore la mise en demeure de la France par la Commission Européenne ?

La stratégie de l’opposition radicale est un échec depuis 25 ans. En entretenant auprès des éleveurs le mirage d’une montagne sans prédateur, vous ne les aidez pas à s’adapter et vous desservez ceux-mêmes que vous croyez défendre.

Dans un Etat démocratique, est-il normal que des élus ignorent et méprisent l’avis majoritaire de la population, y compris locale ?

Faut-il vous rappeler les sondages et consultations publiques qui concluent tous au soutien des Français et des Pyrénéens à la restauration de la population d’ours ?

A l’heure de la sixième extinction massive de la biodiversité planétaire, due à nos erreurs et excès passés et actuels, est-il responsable de la part d’élus de s’opposer à la restauration d’une espèce menacée ?

Au moment-même de la prise de conscience de la gravité de la situation, est-il responsable de continuer à opposer protection de l’environnement et activités humaines, alors que c’est précisément ce qui nous a conduit à la crise écologique actuelle ?

Enfin, est-il digne de la fonction d’élu d’aller participer et soutenir des manifestations violentes orientées contre les représentants de l’Etat, d’autres élus ou des bâtiments publics ?

Mesdames et Messieurs les élus, les citoyens conscients des problèmes et des difficultés, attendent de vous que vous ayez le courage de chercher de vraies solutions aux vrais problèmes, plutôt que de céder à la facilité de soutenir ceux qui crient le plus fort ; que vous privilégiez l’intérêt général sur les intérêts catégoriels des lobbies ; que vous vous attaquiez aux causes des problèmes plutôt qu’à leurs conséquences ; et que vous oeuvriez pour le long terme, y compris quand cela implique des décisions courageuses et aujourd’hui impopulaires auprès de certains.

Nous, associations de défense de l’environnement, considérons comme les Français que la problématique de la protection de l’ours dans les Pyrénées est emblématique de cette problématique écologique globale.

Pouvons-nous sérieusement prétendre relever les défis écologiques et climatiques globaux si nous ne sommes pas capables de trouver ensemble des solutions à un problème, certes déjà complexe, mais local ?

Nous appelons à la responsabilité et au courage, et nous sommes bien sûr prêts à y travailler car l’heure n’est plus aux positions faciles et aux oppositions stériles entre des enjeux qu’il nous faut impérativement concilier dans notre intérêt et celui des générations futures.

Dans cet espoir, et restant à votre disposition, recevez nos sentiments respectueux.

Les associations FERUS et Pays de l’Ours – Adet