On est parti sur les traces du loup !

On est parti sur les traces du loup !

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Témoignage séjour sur le thème du loup, parc national du Mercantour, 28 au 31 octobre 2006

JOUR 1

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Ca y est le jour J est enfin arrivé, c’est le départ pour le séjour de FERUS 2006 dans le Parc National du Mercantour. Un peu d’organisation, de train, puis de covoiturage et me voici dans la voiture avec Hervé, l’animateur du réseau local Provence Méditerranée. Nous partons vers 8h de Draguignan, direction la Haute Tinée, St-Etienne-de-Tinée pour être précis, lieu de rendez-vous où nous retrouverons le reste du groupe. Présentations rapides, passage éclair au village vacances (oh pardon c’est vrai nous n’avons droit qu’à l’annexe cette fois) et direction St-Dalmas-le-Selvage. Enfin il faudra d’abord réussir à sortir de St Etienne. Ne souriez pas, grâce aux travaux dans le centre du village nous avons essayé toutes les possibilités : demi-tour par ci, marche arrière par là, tournicoti tournicota, cela ne vous rappellerait pas un certain manège ?) pour finalement retrouver la berge et la sortie (ouf on n’y croyait plus !). St Dalmas est charmant et nous nous retrouvons rapidement sur le sentier qui va nous mener jusqu’au col de la Colombière, à quelques 761m plus haut. Allez, c’est la mise en jambe, on y va le cœur léger, le pas leste, les poumons remplis d’air pur, les yeux émerveillés par les arbres aux superbes couleurs d’automne et le cœur réchauffé par le doux climat de ce décidément très bel été indien. Après un pique-nique au soleil ponctué d’une rasade de mirabelle (merci les amis lorrains !), nous poursuivons l’ascension jusqu’au col puis jusqu’au fortin situé sur la Tête de Vinaigre à 2394 mètres. De là-haut la vue est superbe : le col de la Bonette par lequel passe la plus haute route d’Europe paraît-il, le Camp des Fourches, l’imposant Salso Moréno…Finalement ce seront pas moins de 900 mètres de dénivelé que nous aurons effectué pour cette première journée ! Pas mal pour une mise en jambes, non ?
Côté observations nous aurons surpris et dérangé, (mea culpa 3 fois) quelques chamois, un beau groupe de mouflons, le long de la crête du Castellaret, puis des Lagopèdes, les fidèles chocards, mais le clou de la journée sera la rencontre avec une toute jeune hermine. Quelle jolie frimousse et quelle agilité ! Une petite fusée rousse se faufilant au milieu des pierres d’un côté ou l’autre du sentier. Si vive qu’il fut impossible à Hervé de faire un seul cliché. Mais nous en avons plein les yeux et c’est bien aussi.
Nous rentrons au village, prolongeons le plaisir autour d’un verre convivial tout en discourant du Parc du Mercantour, du travail de ses agents avec comme fil conducteur l’évocation de celui qui nous a réuni et fait venir jusqu’ici : maître loup.
La discussion se poursuivra autour d’un dîner pantagruélique (merci le cuistot !). Devant la quantité, chacun se demanda si l’autre avait invité des amis. Mais non c’est bien ça nous ne sommes que 6 et il y en a au moins pour 10. Cette histoire finira par un transvasement délicat dans un grand sac poubelle (propre) afin de mettre le surplus de nourriture de côté pour les chiens d’Hervé et ne pas gâcher cette bonne cuisine, et ne pas vexer le cuistot.

JOUR 2

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Après un bon petit déjeuner tous ensemble, direction le Hameau de Demandols. La route se transforme vite en piste et nous passons devant un 4×4 au message clair « Attention battue ». Le ton est donné, nous sommes en territoire chasseur, espérons que cela n’aura pas fait fuir la faune trop loin et nous prive de belles observations. Après avoir dépassé la belle Vacherie (!) de Demandols, nous commençons notre ascension à travers la forêt. Le calme et l’atmosphère qui y règne appellent au silence. Grâce à Hervé, forestier de son état, nous apprenons beaucoup sur les espèces d’arbres que l’on rencontre. Nous improviserons même une courte leçon de mycologie (alors c’est ça un p’tit gris ?).
A travers les arbres de belles crêtes montagneuses se distinguent. L’œil (et les jumelles) aux aguets, nous sommes à l’affût de toute faune qui voudra bien nous faire le plaisir de se montrer. Un chamois au loin dans un fond de vallon, ouvrira le bal puis, au sortir de la forêt, nous apercevrons tout en haut sur une crête la gracile silhouette d’une biche et son jeune. Comme la veille, des lagopèdes viendront aimablement nous saluer. Arrivés à la maison forestière nous tombons sur le premier indice « probable » de présence de maître loup. Un indice de présence ici, en l’occurrence, est une belle crotte avec des éclats d’os qui pourrait laisser penser que… mais même si notre imagination s’emballe, nous en resterons sur le fait que ce n’est que « probable », « possible » et non pas « avéré ». Nous ne sommes pas assez experts pour cela et la conclusion finale ne s’obtient que par analyse en laboratoire alors vous voyez…Mais cet indice nous permet de prendre la mesure de notre présence sur le territoire du loup. Et qui sait, peut-être que lui nous observe.

A partir de cet endroit et jusqu’au col de Pal (2217 m) le paysage est grandiose. Grand, ouvert, panoramique, minéral, ponctué ça et là des mélèzes aux couleurs chatoyantes. Le col est en fait un large plateau herbeux dominé par la cime de Pal (2818 m) à l’ouest et le mont Triboulet (2578 m) à l’est. De là on voit un groupe d’une trentaine de chamois, loin, toujours loin (hé, les gars vous voudriez pas vous rapprocher un peu qu’on vous admire de plus près ?).

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Pour le retour on décide de passer sur l’autre versant. Le chemin se perd dans les éboulis de la Clapière. Même pas peur on y va, on le retrouvera toujours ! Oui sauf qu’à un moment nous voici bien empêtrés dans les plis de la montagne et un passage délicat à négocier. Erick l’éclaireur se lancera, mais après son verdict le groupe se scindera en 2 : d’un côté ceux qui préfèrent assurer la sécurité et redescendre un peu pour traverser, 2 autres (dont l’auteur) se prendront pour des chèvres et passeront par le haut.

Finalement après plusieurs traversées de ces multiples plis tout le monde se retrouvera en terrain plat et fera une pause 4h bien méritée. Puis on retrouvera la forêt et un beau mélézin et enfin ce sera une descente effrénée à travers bois pour retrouver le sentier, le bon car avec tout ça on était bien trop haut. Je peux vous dire qu’on aura bien sollicité nos appuis aujourd’hui ! Le long de la dernière descente on marquera un arrêt devant une incroyable fourmilière et on discutera le coup avec le berger qui nous parlera avec tendresse de ses vaches dont 3 prêtes à vêler. Et comme le monde est petit il fera un clin d’œil à nos amis Vosgiens car devinez d’où vient sa femme ? Et bien oui ! Après un stop à la boulangerie de St Etienne pour prendre des munitions pour l’apéro (dont quelques sanguins au vinaigre dont je ne vous dit que ça…) nous rentrons à notre hébergement en nous demandant quelle surprise nous aura concocté le cuisto et surtout en quelle quantité. Et bien mes amis ce sera encore plus que la veille, les chiens d’Hervé vont doubler de volume (et nous aussi avec toutes ces victuailles appétissantes le soir). Avant le repas, Hervé déballera sa boutique de beaux livres : loup, ours, lynx pour petits et grands, il y en a pour tout le monde. Oyé oyé approchez et faîtes vos emplettes ! La journée se terminera par un film sur les loups de Yellowstone, de quoi nous en apprendre encore davantage sur le comportement et les mœurs de la gent lupine même si là-bas, dans les grands espaces nord-américains, le loup a été réintroduit alors que dans le Mercantour il a fait ça tout seul sans l’aide de personne (et surtout pas des humains !). Et en plus il est Italien alors vraiment, cela est bien différent.

JOUR 3

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Cette fois-ci le départ se fait au Hameau du Pra. Un bref historique nous rappelle que ce lieu est très fortement exposé à un risque d’éboulement et que la plupart des habitants ont du le quitter. Le soleil est encore au rendez-vous, une belle journée s’annonce. L’ascension par Le Pas de la Croix Blanche est ponctuée de nombreux arrêts au fil des rencontres : une crotte par ci, une autre par là, mais on parle de renard ou de restes trop anciens pour être identifiés. Décidément maître loup continue sa partie de cache-cache avec nous. Tant pis nous nous régalons d’autres observations et notamment celles de chamois commençant à se courser car c’est le tout début de la période du rut et certains de ces messieurs commencent à se poursuivre. Un spectacle époustouflant que de les voir lancés à toute vitesse dans la pente. On mesure à quel point cet animal est adapté à son milieu. On tombera plus tard sur un beau groupe de mouflons (pardon on dit harde je crois) et puis un nouveau venu pas encore observé : le bouquetin (2 beaux mâles pour être précis) et ses majestueuses cornes. Côté ornithologie, craves, chocards et 2 grands corbeaux seront de la partie et le final sera assuré par le rare tichodrome échelette.

Mais s’il est un élément qui marquera nos mémoires en cette journée, c’est le paysage traversé et encore plus l’impressionnant Salso Moréno nous écrasant de sa hauteur et de sa masse ; sa couleur grise contrastant avec le doré herbeux du plateau à ses pieds sur lequel nous aurons un bien agréable pique-nique (oui encore un, nous sommes bien gâtés) dans ce décor grandiose. On a même le choix de la vue pour le déjeuner : côté Salso ou côté rivière qui traverse le site en contre-bas. La descente se fera progressivement tout en marquant de nombreuses pauses pour profiter pleinement de ce qui s’offre à nos yeux. Toujours pas de loup, mais il y a tellement d’autres belles choses pour nous contenter dans ces contrées…

JOUR 4

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Voilà, c’est le dernier jour, le temps passe vite et pourtant à la fois la réalité se fait moins présente quand on est coupé du reste du monde, en montagne, occupé à randonner et découvrir cette belle partie du Parc National du Mercantour qu’est la Haute Tinée. La dernière balade démarrera à nouveau du Hameau du Pra mais cette fois nous tirerons droit vers le Col du Fer qui culmine à 2584 m. Sur le chemin nous verrons les vestiges des anciens bas fourneaux servant à la production du mâche fer dans des temps plus anciens. Puis on passera à la maison forestière de Tortisse d’où l’on a une belle vue sur le Col du Fer mais surtout sur un incroyable synclinal. Le paysage traversé aujourd’hui favorisera ainsi une leçon initiatique de géologie. On apprend vraiment beaucoup durant ce séjour et pas que sur le loup vous voyez. C’est parce que la nature offre tellement à découvrir quand on prend le temps de s’arrêter, de l’observer, de la comprendre…à méditer… Le temps de monter jusqu’au col, le temps tournera et se fera moins clément mais nous avions prévu de quoi « bâcher » (important en montagne). Avec la merveilleuse douceur qui nous a accompagné durant les derniers jours alors qu’on est fin octobre, on ne va pas commencer à se plaindre !
Après le col où le vent nous poussera à battre en retraite, nous poursuivrons vers les lacs et le refuge de Vens. Au détour du chemin, nous tomberons sur une superbe arche rocheuse (il n’y a pas que les grands parcs naturels américains qui en ont, non mais !). De là, la vue sur le refuge au bord du lac (non des lacs) est magique. Quel écrin de nature surplombé de crêtes montagneuses si minérales se reflétant dans l’eau ! Au détour d’une faille rocheuse, nous serons présentés à la plante endémique du Mercantour : le saxiphrage. Nous emprunterons le chemin d’hiver (ou le chemin des chèvres comme qui dirait) et découvrirons ce qu’est un piège à traces. Puis ce sera fini, retour aux voitures et à la civilisation la tête et le cœur remplis de belles images et de bons moments partagés, plus riches qu’à notre arrivée dans cette nature préservée. Nous n’avons pas vu le loup, peut-être était-il de l’autre côté de la frontière dans son pays d’origine ou peut-être qu’il était là et s’est bien amusé à nous observer. En tout cas ce séjour restera fort en tout par la somme de choses apprises non seulement sur ce grand prédateur, mais aussi sur les conséquences de son retour vis à vis des bergers et des éleveurs. Des connaissances nous permettant de sortir du clivage stérile qui ne mène à rien. Ni pour ni contre le loup, ce n’est pas si simple. Il est là et il faut trouver les moyens d’une meilleure cohabitation. Vaste programme…

Pour prolonger le plaisir : paroles de Vosgiens

« 3 Lorrains, membres du club vosgien de randonnée, ont répondu à l’appel de Ferus et sont venus au séjour Mercantour 2006 à St Etienne de Tinée.

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Sur les conseils de Ferus, et avant de remonter dans le nord, au froid, nous nous sommes rendus au Parc Alpha à St Martin de Vésubie où nous avons fortement apprécié les 3 scénographies qui nous ont séduit et fasciné de part leur mise en scène et leurs dialogues émouvants.
Les structures extérieures nous ont permis enfin d’observer et de faire quelques clichés de ce fameux loup qui nous fascine, tant par son mythe que par les polémiques qu’il soulève.
Ces 4 jours, passés ensemble, nous ont permis de prendre quelques kilos, qui ne nous étaient pourtant pas nécessaires et de rencontrer des gens forts sympathiques avec un accent, pas comme le nôtre. Nous en garderons un super souvenir. »

Laetitia W.

Participez au prochain séjour automnal dans le Mercantour !
Du 27 au 30 octobre, Mercantour (Vallée de la Tinée). S’inscrire au plus tard 10 jours avant.
Contact Hervé 06 88 98 83 04