Savoie : les pouvoirs publics condamnent sciemment une portée de louveteaux

Savoie : les pouvoirs publics condamnent sciemment une portée de louveteaux

Photo Morgane Bricard (illustration)
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Par une lettre ouverte adressée au préfet de Savoie, FERUS dénonce le troisième tir dans une famille de loups du massif du Grand Arc, condamnant à une mort certaine et dans des conditions cruelles les louveteaux étant encore incapables de se nourrir. Nous demandons un moratoire sur les tirs en période de reproduction et d’élevage des louveteaux et le retour des moyens d’effarouchement.


Lettre ouverte à François Ravier, préfet de Savoie.

Copie à Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, à Pascal Mailhos, préfet coordonnateur du plan loup et activités d’élevage, et la direction de l’Office Français pour la Biodiversité (OFB)

le 5 septembre 2022

Monsieur le Préfet

Nous tenons à dénoncer les récents événements survenus sur l’alpage de la Platière (commune de Bonvillaret).

Début août, nous dénoncions déjà votre politique de tir après la destruction d’une louve reproductrice en Savoie suivie par le tir d’un mâle, probablement le reproducteur, laissant leurs louveteaux de deux mois et demi en sursis. Il ne restait plus dans cette meute qu’un subadulte de deux ans pour veiller sur eux. Lien

Nous apprenons avec stupeur et consternation que, dans la nuit du 24 au 25 août, le dernier individu de cette famille de loups a été abattu également, condamnant à une mort certaine et dans des conditions cruelles les louveteaux étant encore incapables de se nourrir.

L’État français, avec ses autorisations de tirs, a donc décidé de s’acharner sur le reste d’une meute qui ne représentait plus un danger pour le troupeau si en effet le troupeau était bien gardé par des chiens de protection.

Nous savons d’après nos sources sur le terrain que l’alpage où se sont produits ces trois tirs est mal gardé et qu’aucun contrôle n’a été effectué par vos services. Nous vous rappelons que les moyens de protection bien employés sont les seuls à protéger les troupeaux, à court comme à long terme.

Alors que les différentes études (y compris en France) n’ont pas montré l’efficacité des tirs de loups sur les dommages aux troupeaux, alors que le loup reste vulnérable en France (braconnage et tirs de loups à outrance), alors que la sécheresse menace la faune sauvage (loups inclus), pourquoi avoir sciemment continué les tirs sur ce secteur alors que vous connaissiez l’existence de cette portée et son devenir sans adultes ?

Ce n’est pas la première fois que des louveteaux se retrouvent orphelins suite à l’éradication de leur famille * ou que des louves gestantes ou allaitantes sont abattues. C’est inacceptable ! Le loup est une espèce strictement protégée en France et dans l’Union Européenne, entre autres par la Directive Habitats-Faune-Flore.

Pour ces raisons nous demandons l’annulation des tirs létaux lors des périodes de reproduction et d’élevage des louveteaux et le retour à l’emploi des moyens d’effarouchement.

Nous savons pertinemment que vos services (OFB) savent où les louveteaux se trouvent et nous vous demandons instamment ce que vous comptez faire pour sauver ces louveteaux et leur permettre de survivre dans leur milieu naturel.

A l’heure où les citoyens prennent conscience des graves dangers dus au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité, ils attendent d’autres comportements de la part d’un gouvernement qui se dit ouvertement engagé dans ces domaines.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma haute considération.

Bertrand Sicard, président de FERUS

*cf le louveteau de Valberg réduit à se nourrir dans les poubelles de la station.