CAP-Ours réagit à la mort du dernier ours 100 % pyrénéen

CAP-Ours réagit à la mort du dernier ours 100 % pyrénéen

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Courrier de CAP-Ours, Coordination Associative Pyrénéenne pour l’Ours, au ministère de l’Ecologie, 11 novembre 2010

Madame la Ministre,

Nous n’avons pas fait grand bruit autour de la mort probable de l’ours Camille. C’était le dernier ours pyrénéen mais pas le dernier ours dans les Pyrénées.

Certes nous avons ressenti de la tristesse : cet ours était l’ultime témoin d’un noyau de population que l’Etat a laissé s’éteindre sans le protéger ni le renforcer ; Camille en disparaissant ne fait qu’achever la trajectoire implacable maintenue tout au long du siècle dernier.

Nous avons jugé pitoyable l’indécence des opposants à l’ours, qui ont semblé regretter les animaux de souche pyrénéenne et même faire retomber leur extinction sur leurs protecteurs. Ils oublient qu’ils s’étaient engagés avec l’Etat, la région Aquitaine et le département des Pyrénées-Atlantiques, en signant le deuxième contrat de charte de l’IPHB en 2004, à renforcer avec deux femelles la population que l’on avait recomptée de façon « patrimoniale » cette année là et qui ne comptait plus que la femelle Cannelle. On sait comment, par la suite, le président de cette institution qui se dit aujourd’hui « accablé » par la mort de Camille a mis son « véto » au plan de l’Etat et a empêché le lâcher de deux femelles en Béarn en 2006, reniant ainsi sa signature.

Ne rouvrons pas de vieilles querelles, la souche pyrénéenne d’ours a disparu du seul fait des hommes et notamment des armes à feu. Ceux qui portaient ces armes, ceux qui les ont excités sous de faux prétextes, ceux qui se sont opposés à toutes les mesures destinées à rendre possible la cohabitation avec l’ours ont perdu une bonne occasion de se taire. Le vieux Camille, qu’ils avaient naguère privé de femelles, n’était plus depuis longtemps porteur d’aucun espoir.

Heureusement, l’espèce Ursus arctos est toujours présente dans nos montagnes. C’est davantage à ces ours des Pyrénées que nous devons penser, en renforcant notamment les mesures pour leur protection et un bien meilleur état de conservation de cette population d’ours. Sans états d’âme, car même si elle est bien prudente par rapport à d’autres pays, la France n’a jamais hésité à restaurer des espèces en danger par des apports extérieurs.

Les chasseurs l’ont fait avec les cerfs, perdrix, et lièvres d’Europe de l’Est, les pêcheurs avec les farios danoises, les protecteurs avec les vautours espagnols, vos services avec les lynx tchèques et slovaques. En ce moment la France se vante de donner des esturgeons à l’Allemagne, heureusement que personne ne combat sur les bords de l’Elbe le déversement de ces poissons étrangers ! Demain vous importerez sans doute des lamantins pour recréer une population en
Guadeloupe…

Tous ces débats d’un autre temps ont eu lieu, vous avez pris une décision que nous jugeons timide mais au moins vous l’avez prise. Faites en sorte, Madame la Ministre, qu’elle ne reste pas lettre morte. Nous demandons sur l’ours de la fermeté, de la constance, un zeste de ce volontarisme qui caractérise l’action du président de la République … dans d’autres domaines. Dans celui de la biodiversité, l’ours est pourtant un grand chantier, le plus visible pour nos concitoyens.

Alors, remaniement ou pas, assumez vos responsabilités, desserez le frein et faites en sorte, en prenant les dispositions nécessaires dès maintenant, que des femelles rejoignent les mâles du Béarn dès le printemps prochain. Et pour ceux qui mettent en scène l’identité pyrénéenne des ours, ce serait en outre la dernière chance d’en conserver vivante la trace à travers le fils de Cannelle.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, nos plus respectueuses salutations.

Les associations membres de CAP – Ours signataires :
Association Pyrénéenne des Accompagnateurs en Montagne 66, section Catalane du Syndicat National des Accompagnateurs en Montagne (APAM 66), APATURA, Association Nature Comminges (ANC), Comité Ecologique Ariégeois (CEA), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), FERUS (Groupe Loup France/ARTUS), Fonds d’Intervention Eco-Pastoral – Groupe Ours Pyrénées (FIEP), France Nature Environnement Hautes-Pyrénées (FNE 65), Mille Traces, Nature Midi-Pyrénées, Nature Midi-Pyrénées comité local Hautes-Pyrénées, Pays de l’Ours-ADET (Association pour le Développement Durable des Pyrénées), Société d’Etude de Protection et d’Aménagement de la Nature dans le Sud Ouest section Béarn (SEPANSO Béarn), Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM), Sours, WWF France.

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Photo :  la dernière photo de l’ours Camille- Aspe Ouest à Anso en février 2010 (appareil photo automatique). Copyright Gouvernement d’Aragon

Voir aussi :

6 ans après la mort de Cannelle, l’ours Camille-Aspe Ouest porté disparu : la mort définitive de l’ours pyrénéen ? (novembre 2010)

L’ours Aspe-Ouest est-il mort ? (octobre 2010)

5 commentaires sur “CAP-Ours réagit à la mort du dernier ours 100 % pyrénéen”

J’insiste ! Parfait cette déclaration de Cap-Ours , mais il me semble qu’il aurait été judicieux de rappeler, avec insistance, à Me la ministre N.K.M l’engagement précis de Me Jouanno pour le renforcement d’une ourse en Haut Béarn dès le printemps prochain . Car c’est là l’urgence et que forte sera la tentation pour Me NKM de temporiser et de ne pas faire de vagues avant les élections présidentielle . Il ne faut à mon sens rien espérer de plus que cette ourse et ne pas croire qu’en cette période de transition on pourra négocier beaucoup mieux . Il est hélas bien trop tard maintenant et on sait que si ce renforcement béarnais ne se fait pas en 2011 , il ne se fera pas non plus en 2012 pour cause d’élections et se discutera au mieux en 2013 pour 2014 … Il n’y a donc pas de temps à perdre pour assurer la logistique de cette ourse accordée par Me Jouanno ! C’est là-dessus qu’il faut prioritairement insister et sous prétexte de renégociation plus avantageuse ne surout pas se lancer à nouveau dans des discussions sans fin qui risquent de n’aboutir nulle part dans le peu de temps où Me NKM va être ministre … Le temps n’est plus aux tables rondes ! … Il faut agir et vite !… Il faut renvoyer à Me NKM , la lettre ouverte précedemment envoyée à Me Jouanno , lettre dont la teneur me semble plus d’actualité et opportune dans les circonstances actuelles que la déclaration Cap-Ours , et exiger une réponse concrète et rapide !…

Moi , ça me va tres bien que Camille soit le vieil ours pelé qui vient de mourir ! Alors qu’on nous dise où est passé Aspe-Ouest agé d’une douzaine d’années !… Puisqu’on a , en Béarn , perdu la trace d’un premier ours il y a déja environ deux saisons !… Donc , il manque aujourd’hui sur le terrain deux plantigrades autour desquels règne la confusion la plus totale ! Ca fait quand même désordre et d’un désordre caractéristique et coutumié de la région que de ne pas être capable de suivre correctement le destin de ses ours !… Cet ours pelé , on l’a vu , suivi , filmé et photographié sur plusieurs saisons . Avec tous les poils qu’il a perdu ça faisait un matériel génétique conséquent à analyser ! Comment peut-il se faire qu’on ne sache toujours pas de façon certaine de quel ours il s’agit ? C’est incroyable ! Comment cela est-il sérieusement possible ?… Je pose la question ! Si une ourse est relâchée en Béarn au printemps prochain , sera t-elle ausssi bien suivie ?… Ce n’est pas sérieux tout ça ! S’il restait une vingtaine d’ours à suivre en béarn , on pourrait comprendre ! Mais ça fait une demi douzaine d’années qu’il n’en reste que quatre dont deux qui sont systématiquement et parfaitement localisés , alors pourquoi les deux autres ont-ils échappé au suivi ?
Donc , si le vieux Camille vient de mourir , c’est donc que le jeune Aspe-Ouest , s’est probablement fait flinguer , a eu un accident , et que personne s’en est préoccupé ? Non ? Pourquoi le destin d’Aspe-Ouest , un des deux derniers mâles de souche n’a t-il intéressé personne ? … Où est-il donc passé cet ours ? … Quelqu’un d’autorisé doit bien avoir des hypothèses ?

en fait, concernant le nom de cet ours, c’est plus compliqué que cela. Selon les analyses génétiques de matériel biologique recueilli à Garde en avril 2008 et analysé pour partie à Madrid et pour partie à Grenoble, le même échantillon donne « Aspe ouest  » à Grenoble et « Camille  » à Madrid où ils avaient la carte d’identité génétique de Camille depuis 1998, année où il s’était installé entre Roncal et Anso et où les premières analyses avaient été faites par le labo de Madrid, sur commande du gouvernement de Navarra.
Peut-être y a-t-il eu confusion sur l’identité du « propriétaire » d’un échantillon envoyé au labo de Grenoble en moment donné : Camille ou Aspe ouest. Les deux avaient des empreintes semblables. On pensait que Camille était mort et qu’il avait été remplacé par Aspe Ouest mais aujourd’hui on n’est plus trop sûr de rien. En tout cas le plus important était de relancer le ministère sur le lâcher d’une femelle dans le Béarn dès le printemps 2011, ce qui est chose faite dans ce courrier

Bonsoir .
Peut-être aurait-il été judicieux de rappeler à Me La ministre N.K.M les engagements de Me Jouanno quant au renforcement d’une ourse en Béarn pour le printemps 2011 . Car pour l’instant c’est là qu’est l’urgence , non ? … Quant à continuer à présenter le vieil ours Camille comme le dernier ours des Pyrénées , alors que celui-ci est mort il y a plusieurs saisons , c’est abuser et plus que contestable ! Le dernier ours des Pyrénées jusqu’à preuve du contraire qui contredirait les analyses génétiques faites en 2009 a pour nom ASPE-OUEST , il vient de disparaitre à l’age d’un douzaine d’années ! Rien donc qui puisse en faire un vieil ours !… Pour le reste , c’est parfait !


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