Manifeste d’Helsinki pour améliorer l’application de l’actuelle législation européenne pour la protection du loup

Manifeste d’Helsinki pour améliorer l’application de l’actuelle législation européenne pour la protection du loup

Photo Anthony Kohler
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Les 7 et 8 juin s’est déroulé en Finlande le second meeting de l’EAWC (Alliance européenne pour la conservation du loup), collectif d’associations européennes dont FERUS est membre fondateur. Une douzaine de pays était représentée, notamment pour faire le bilan des actions et de la situation du loup dans chaque pays. L’administration finlandaise a été invitée. Un manifeste destiné au Parlement européen a été signé par une quinzaine d’associations.

Manifeste d’Helsinki pour améliorer l’application de l’actuelle législation européenne pour la protection du loup, 8 juin 2019

L’Alliance Européenne pour la Conservation du Loup (EAWC) est une association d’ONG de différents  pays européens qui donne, au nom de la société civile et de la communauté scientifique, des recommandations pour obtenir un système de conservation du loup basé sur des faits et une application plus rigoureuse de la législation européenne au niveau de chaque pays et à travers l’Europe, en exigeant la stricte protection de l’espèce déclarée d’intérêt communautaire selon la directive Directive Habitats et la Convention de Berne.

CONSIDERANT QUE le loup est une espèce clé pour le maintien d’écosystèmes équilibrés et que son lent mais continu retour à travers l’Europe apporte une nouvelle opportunité, avec cet allié naturel dans le combat  contre la perte de la biodiversité et l’impact des changements climatiques, d’aider notre continent à soigner sa nature à travers une vraie transition écologique en accord avec les objectifs de l’ONU pour un développement soutenable.

CONSIDERANT QUE les traités internationaux et les législations comme la Convention de Berne (1979, Annexe II, espèce strictement protégée), la Directive Habitats (92/43/CEE, espèces d’intérêt communautaire), la convention CITES (Appendixe II, 04/02/1977), encadrent la conservation du loup et définissent clairement l’obligation pour chaque état membre de s’assurer que ses populations atteignent un état de conservation favorable partout où l’espèce est présente.

CONSIDERANT QUE jusqu’à présent la méthode de gestion la plus répandue en Europe est le tir de loups, qui a prouvé être non seulement contre-productive et scientifiquement injustifiable, mais qui perpétue une perception du loup d’un autre temps comme “nuisible” et “espèce à problème” ce qui empêche les citoyens de voir les aspects positifs du loup pour l’environnement et l’amélioration du niveau de vie.

Les signataires, réunis à Helsinki le 8 juin 2019, présentent au nouveau Parlement Européen et au Commissaire à l’Environnement les 10 demandes suivantes de la société civile et la communauté scientifique au sujet de la conservation du loup dans nos pays:

1.- Les États doivent favoriser l’implémentation de mesures de protection des troupeaux et assumer leur responsabilité en la matière, c’est à dire exiger des éleveurs touchant des subventions de l’Europe de mettre en œuvre les combinaisons de mesures de protection des troupeaux les plus appropriées, répondant aux standards minimums apportés par les études scientifiques.

2.- Les compensations pour dommages aux troupeaux doivent être conditionnés à la mise en œuvre de mesures de protection des troupeaux. L’UE a récemment encouragé les États membres à compenser à 100% les coûts, pertes de profit inclus, de la protection contre les grands carnivores à travers l’ “Amendement aux directives aux États pour l’agriculture pour mieux tenir compte des dommages causés par les loups”, comme des clôtures anti-loup efficaces. Donc il n’y a aucune raison de payer des dommages aux éleveurs qui refusent délibérément de remplir leurs obligations de protéger leurs bêtes.

3.- Le contrôle létal comme les tirs et la chasse aux loups doivent stopper immédiatement car ils désorganisent les structures familiales et d’autres aspects de leur comportement, augmentent les attaques sur bétail, et empêchent les loups de remplir leur rôle de super-prédateur qui contribue à l’équilibre écologique grâce aux effets cascade induits. L’unité sociale du loup, la famille, doit être préservée sans interférence de l’homme pour être fonctionnelle et permettre à l’espèce d’atteindre un statut de conservation favorable. Également, les États membres doivent lutter plus activement contre la braconnage et autres causes de mortalité non-naturelles.

4.- Une étude détaillée sur la variation génétique des populations de loups est nécessaire pour obtenir une définition claire de ce qu’est un état de conservation favorable qui soit scientifiquement crédible, légalement valide et politiquement accepté. Les populations à faible variation génétique sont spécialement vulnérables indépendamment de leur nombre, qui est souvent surestimé dans les chiffres officiels.

5.- La dispersion naturelle de loups sauvages vers les pays voisins doit être facilitée, et non dissuadée, car elle est importante pour les écosystèmes et cruciale pour la diversité génétique de l’espèce sur le long terme. De tels déplacement ne doivent jamais être empêchés par l’établissement de “Zones interdites au loup”, un concept arbitraire, qui implique localement l’extermination de l’espèce, et donc contraire à l’esprit des règles européennes.

6.- De meilleures méthodes d’identification doivent être développées et mises en œuvre pour vérifier si les attaques sont réellement dues aus loups. Aujourd’hui, dans les zones rurales où les chiens domestiques sont nombreux, les attaques sont souvent atttribuées aux loups sans preuves scientifiques. Ces pratiques ont l’effet d’augmenter les statistiques de prédation du loup et perpétuent une image négative du loup.

7.- Les autorités européennes, nationales et régionales doivent cesser d’utiliser des dérogations comme solution aux conflits homme-loup. L’abus de dérogations envoie un message incorrect au public, c’est que la perception d’un “individu à problème” et remplacée par celle d’une “espèce à problème”, et trahit complètement le concept de dérogation.

8.- Les administrations doivent fournir une information claire et précise sur le statut du loup, la manière dont il est géré et son rôle positif pour les écosystèmes. L’idée que des tirs officiels de loups peuvent améliorer son acceptance sociale est fausse et il est maintenant évident que pour obtenir une perception positive du loup il faut le traiter et y référer comme un capital, et non pas une nuisance. Les gouvernements doivent travailler avec les ONG pour mieux informer le public. La  peur injustifiée du loup ne peut se réduire que par un travail de pédagogie à long terme.

9.- Les administrations doivent s’assurer que les chasseurs assument leur responsabilité de garder leurs chiens de chasse sous leur contrôle, comme chaque propriétaire de chien. Des chiens divagants ne doivent pas être autorisés dans les zones de présence de loups et autres grands carnivores.

10.- L’UE doit définir une stratégie à l’échelle européenne pour la gestion du loup qui inclut une définition plus claire de concepts clés comme :

La définition d’un statut de conservation favorable; les standards minimum de mesures de protection des troupeaux; la définition d’un loup audacieux; un système adapté de compensation des dommages.

Liste des ONG européennes ayant signé le manifeste d’Helsinki :

Lobo Marley, – SPAIN

FERUS, – France

ZooLogical, – PORTUGAL

Natagora, – BELGIUM

Freundeskreis freilebender Wölfe, – GERMANY

NABU, – GERMANY

Gruppe Wolf Schweiz, – SWITZERLAND

The Wolf Action Group, – FINLAND

ULVETID, – DENMARK

European Wilderness Society, – AUSTRIA

LOOMUS, – ESTONIA

NOAH, – NORWAY

Svenska Rovdjursföreningen, – SWEDEN

Dinaricum – SLOVENIA