Récit de Patrick Pappola, bénévole sur Parole d’ours.
Vendredi 15 juillet : COL DU SOULOR (65)
Ce matin, nous partons pour le col du Soulor, l’un des points forts de l’étape du jour : nous serons sur la ligne du col, à l’endroit même où les cyclistes basculent de la montée à la descente.
Sur site, le public est déjà présent, nous sommes parvenus à passer avant la fermeture de la route par la gendarmerie, nous serons donc bien placés.
Deux objectifs : diffuser les documents informatifs sur l’ours, proposer des questionnaires au public présent mais aussi, montrer sur place et aux caméras que l’ours et les Pyrénées forment une belle association : c’est un couple naturel !
Nous disposons pour cela d’un gros ours assis haut de près d’1,70 mètres et d’un déguisement d’ours complet que l’un d’entre nous enfilera aux moments importants de la journée. L’arrivée du gros ours fait sensation : les gens sourient, rient, crient de joie, goguenards : « Eh, l’ours ! Il est là ! ».
Toute la journée, des dizaines de familles voire de coureurs cyclistes amateurs, viendront poser spontanément pour se faire photographier à côté de l’ours !
La foule est là et chaque déplacement de l’ours (déguisement) crée une ambiance positive voire rigolarde, c’est pratique pour proposer de la documentation sur l’ours et pour aller plus loin avec les personnes d’accord pour le petit questionnaire.
Là encore, c’est l’occasion d’informer : oui l’ours est bien végétarien à 60-90 %, mais non il ne suit pas les randonneurs pour manger leur casse-croûte… Avec les Pyrénéens (il y en a autant que de touristes contrairement aux idées reçues !), on approfondit souvent sur le pastoralisme, le seuil de population d’ours viable, l’origine des ours…
Samedi 16 juillet : COL DE PORTET-D’ASPET (31)
Après une nuit réparatrice, nous voilà partis pour une deuxième journée sur le Tour avec la dernière étape entièrement pyrénéenne : St-Gaudens-plateau de Beille. Nous formons un belle équipe car des bénévoles sont venus en renfort pour le Tour et nous avons le plaisir depuis la veille de partager notre travail de terrain avec une adhérente de Ferus et avec un adhérent Ferus membre du forum de Pays de l’Ours-ADET.
Parole d’ours permet aussi de rassembler des personnes d’horizons très différents, des personnalités variées et de tout âge autour d’un objectif commun : affirmer et prouver que l’ours a sa place et toute sa place dans les Pyrénées.
Cette fois, contrairement au Col du Soulor, les coureurs passent le matin. Nous nous plaçons là encore à un endroit stratégique pour être vus de tous. Les gens sont déjà en place, beaucoup ont déplié leur table et chaises et lisent le journal local, calmement.
Le déballage de nos ours suscite là encore beaucoup de rires et de sourires. Notre ours mobile (déguisement) sera énormément sollicité pour être photographié à ses côtés.
Nous diffusons des centaines de documents à un public disponible pour lire et dialoguer avec nous. Les questions fusent, l’intérêt est palpable là encore, la curiosité sur le sujet est forte.
Nous aurons droit ici aussi à 3 ou 4 opposants (qui ont choisi l’humour macho cette fois… et s’y sont cassés les dents à plusieurs reprises devant la répartie sans faille de l’une d’entre nous) … mais il ne s’agit que de seulement 3 ou 4 opposants sur des centaines de personnes favorables et agréables.
Et n’oublions pas, nous l’avons bien constaté ces deux jours, le public du Tour est constitué de très nombreux pyrénéens (au moins la moitié des personnes présentes).
Des spectateurs nous proposent de lire leur journal car on y parle de l’ourson trouvé mort à St-Lary en Ariège. C’est l’occasion pour nous de revenir sur la biologie de l’ours, sur le taux de mortalité élevé chez les jeunes (50% avant un an).
Nous terminons l’après-midi autour d’un pot commun à la terrasse ombragée du café du coin et non sans avoir acheté des pots de confiture maison à un producteur local qui fait aussi du fromage de brebis et de vache… et avec lequel nous avons pu parler ours sereinement : il a apposé l’autocollant « Pyrénées Pays de l’Ours » sur la caisse posée sur son comptoir !
Petit plaisir du jour : un adhérent nous appelle pour nous dire qu’il a aperçu à l’écran que nous étions sur le Tour avec nos ours.
La mission est accomplie en ce qui concerne le Tour.
On s’offre un dernier petit clin d’œil : on descendra dans notre camionnette en plaçant l’ours géant de telle sorte qu’il dépasse de la fenêtre avant en saluant le public de la patte une dernière fois. Là encore, le dispositif fait sensation et suscite un amusement bon enfant.
Patrick Pappola, écobénévole pour Parole d’ours.
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Petit bémol pour garder à l’esprit qu’il ne faut pas faiblir : le véhicule de la DDE passe pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’obstacle sur la chaussée, le chauffeur estampillé « Hautes-Pyrénées » s’arrête devant notre banderole « Les Pyrénées avec l’ours » et commence à nous expliquer qu’il faut enlever cette banderole parce que… « elle risque de s’envoler sur un cycliste, vous vous rendez compte du vent qui peut se lever ici au Col ? » Hum… bizarre, il y a juste à côté les banderoles de revendication des agriculteurs et… personne ne leur dit rien ! On explique qu’on tiendra la banderole bien fort si jamais le vent se lève (il n’y a pas le moindre souffle !) et l’un d’entre nous lui demande s’il va s’adresser de la même façon aux agriculteurs. Alors l’employé DDE nous explique qu’il n’est pas contre nous, qu’il fait juste son travail, qu’on met les cyclistes en danger…etc… Nous, ça nous fait plutôt rire même si nous ne sommes pas dupes et que nous avons bien raison comme vous allez le voir.
La journée se poursuit bon enfant, de temps à autre un vautour percnoptère fend le ciel lentement au-dessus de nos têtes.
Puis un anti-ours rondouillard estampillé « Harley Davidson », la soixantaine, lunettes de soleil, s’approche de nous avec son acolyte à casquette et nous explique que l’on n’est pas ici chez nous, qu’on ferait mieux de descendre dans la vallée où là, tout le monde est anti-ours. Je lui réponds : « C’est faux, vous ne représentez pas votre vallée et tout le monde n’y est pas anti-ours, loin de là, on le sait bien puisqu’on en vient ! » Alors le motard outragé me renvoie vers un collègue qu’il pointe du doigt à 30 mètres de là : demandez-lui à lui ce qu’il pense de l’ours. Et il se met à rigoler (sous-entendu, « c’est un collègue un anti lui aussi »). Surprise (vraiment ?) : il s’agit de notre agent DDE zélé qui a tenté de nous faire enlever la banderole ce matin. CQFD !
Nous poursuivons notre travail d’information, les gens viennent nous demander des auto-collants « Pyrénées Pays de l’Ours » pour leurs enfants, un gendarme nous envoie un centre aéré de 50 enfants pour qu’on leur parle de l’ours !
Petite altercation avec un pompier qui nous annonce que l’ours « l’emmerde » ! Que tout ça, c’est « des conneries d’écolos de Greenpeace ». Pour lui, nous sommes Greenpeace et comme la France aurait ouvert son marché à l’agneau néo-zélandais pour obtenir la libération de ses deux agents militaires pris la main dans le sac après l’attentat d’Auckland, nous sommes responsables. Comprenne qui pourra et mieux vaut rire d’autant de bêtise nous concernant ! On parlementera longtemps avec cette personne qui ne nous laisse pourtant pas placer un mot et enchaîne les idées reçues. Nous serons obligés de terminer là avec lui lorsqu’on abordera la mort du photographe portugais Fernando Pereira lors de l’attentat du Rainbow-Warrior perpétré par nos services secrets : notre pompier anti-ours s’énerve en disant qu’il fallait mettre d’autres bombes sous les bateaux de Greenpeace concluant par un « je m’en fous des morts, j’en ramasse toutes les semaines ». Ce à quoi je lui ai fait remarquer que ce n’était pas un joli discours pour un pompier.
Dans l’après-midi, discussion sereine avec les producteurs de fromage vendant au col : ils savent de quoi ils parlent et apprécient de constater que… nous aussi !
Par rapport aux centaines de personnes rencontrées ce jour-là, 3 ou 4 anti-ours virulents donnent bien la proportion du phénomène. Car phénomène il y a ! En effet, ce jour-là, la caravane publicitaire passant dans une zone naturelle, elle avait pour consigne de ne pas jeter de gadgets sur la foule en passant au Soulor. Cette décision a déclenché une fronde chez de nombreux spectateurs. Nous n’avons pas été étonnés de constater que l’une des personnes les plus virulentes se mettant à hurler des insultes à chaque passage des véhicules de la caravane était l’un des anti-ours décrit ci-dessus…
Plus amusant, les gendarmes : ceux d’entre eux qui étaient au moins quinquagénaires en tout cas, sont venus l’un après l’autre nous demander des auto-collants nous confiant le nombre de petits enfants qu’ils avaient pour en avoir au moins un chacun. Cela nous a là aussi permis de parler « ours » de façon circonstanciée si j’ose dire !
Nous sommes rentrés par de petites routes de montagne pour éviter les embouteillages du retour, nous avions tous le sentiment du travail bien fait et celui d’avoir assisté au spectacle vraiment étonnant de la foule venue voir le Tour.
Ce jour là, l’ours aura été présent en toute légitimité, la connaissance que le public peut avoir de lui aura avancé et… cerise sur le gâteau : nos ours sont apparus à l’écran car ils ont été filmés par les reporters de France-Télévision comme nous le confirmera une personne le lendemain au Col de Portet-d’Aspet.
Samedi 16 juillet : COL DE PORTET-D’ASPET (31)
Après une nuit réparatrice, nous voilà partis pour une deuxième journée sur le Tour avec la dernière étape entièrement pyrénéenne : St-Gaudens-plateau de Beille. Nous formons un belle équipe car des bénévoles sont venus en renfort pour le Tour et nous avons le plaisir depuis la veille de partager notre travail de terrain avec une adhérente de Ferus et avec un adhérent Ferus membre du forum de Pays de l’Ours-ADET.
Parole d’ours permet aussi de rassembler des personnes d’horizons très différents, des personnalités variées et de tout âge autour d’un objectif commun : affirmer et prouver que l’ours a sa place et toute sa place dans les Pyrénées.
Cette fois, contrairement au Col du Soulor, les coureurs passent le matin. Nous nous plaçons là encore à un endroit stratégique pour être vus de tous. Les gens sont déjà en place, beaucoup ont déplié leur table et chaises et lisent le journal local, calmement.
Le déballage de nos ours suscite là encore beaucoup de rires et de sourires. Notre ours mobile (déguisement) sera énormément sollicité pour être photographié à ses côtés.
Nous diffusons des centaines de documents à un public disponible pour lire et dialoguer avec nous. Les questions fusent, l’intérêt est palpable là encore, la curiosité sur le sujet est forte.
Nous aurons droit ici aussi à 3 ou 4 opposants (qui ont choisi l’humour macho cette fois… et s’y sont cassés les dents à plusieurs reprises devant la répartie sans faille de l’une d’entre nous) … mais il ne s’agit que de seulement 3 ou 4 opposants sur des centaines de personnes favorables et agréables.
Et n’oublions pas, nous l’avons bien constaté ces deux jours, le public du Tour est constitué de très nombreux pyrénéens (au moins la moitié des personnes présentes).
Des spectateurs nous proposent de lire leur journal car on y parle de l’ourson trouvé mort à St-Lary en Ariège. C’est l’occasion pour nous de revenir sur la biologie de l’ours, sur le taux de mortalité élevé chez les jeunes (50% avant un an).
Nous terminons l’après-midi autour d’un pot commun à la terrasse ombragée du café du coin et non sans avoir acheté des pots de confiture maison à un producteur local qui fait aussi du fromage de brebis et de vache… et avec lequel nous avons pu parler ours sereinement : il a apposé l’autocollant « Pyrénées Pays de l’Ours » sur la caisse posée sur son comptoir !
Petit plaisir du jour : un adhérent nous appelle pour nous dire qu’il a aperçu à l’écran que nous étions sur le Tour avec nos ours.
La mission est accomplie en ce qui concerne le Tour.
On s’offre un dernier petit clin d’œil : on descendra dans notre camionnette en plaçant l’ours géant de telle sorte qu’il dépasse de la fenêtre avant en saluant le public de la patte une dernière fois. Là encore, le dispositif fait sensation et suscite un amusement bon enfant.
Patrick Pappola, écobénévole pour Parole d’ours.
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