Gilbert Simon répond aux questions de l’association Résilienfance

Gilbert Simon répond aux questions de l’association Résilienfance

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Sandie Belair, psychologue clinicienne pour Résilienfance, une association d’Aide à l’Enfance par la Médiation Animale, a choisi de donner la parole à Gilbert Simon, président de FERUS, dans un article intitulé Loup, y es-tu? (12 août 2011).

« Ah le loup…  comme il m’est familier dans mon travail de psychologue clinicienne… Très présent dans l’imaginaire et les fantasmes des enfants, il m’arrive régulièrement avec mon médiateur canin Dubaï de faire des ateliers « contes » et de jouer ensuite avec les enfants « Les trois petits cochons » ou « Le petit Chaperon rouge »… Les histoires avec le loup remportent tous les suffrages… A l’occasion, je viendrai vous parler de ce travail fort pertinent auprès des plus jeunes enfants et de ce fameux loup dans la vie psychique! Mais aujourd’hui, je souhaitais vous présenter une association dont le travail me tient à cœur. »

Cet entretien revient sur la présence du loup sur notre territoire, les dernières attaques de bétail dont il a été tenu pour responsable et les tirs de prélèvement mis en oeuvre pour faire baisser la pression du prédateur sur les troupeaux. Nous vous en proposons un extrait :

Sandie Bélair : Les dernières attaques de troupeaux ont été très médiatisées et semblent « réalimenter » la peur ancestrale du loup et son corollaire « la chasse au loup ». On a pu ainsi lire ou entendre que le loup, espèce protégée, « proliférait » dorénavant sur notre territoire et qu’il n’hésitait pas à « attaquer le jour ». Qu’en est-il réellement de la présence de cet animal sur notre territoire ? Quel est son mode de fonctionnement ? Comment se nourrit-il et de quoi ?

Gilbert Simon : Environ 27 familles de loups ou meutes (un couple dominant et des loups plus jeunes) vivent en France, principalement dans l’arc alpin. C’est très réconfortant pour les amis de la nature, qui paye par ailleurs un si lourd tribu à l’agriculture intensive, à l’urbanisation et au cloisonnement des milieux. Le loup avait disparu depuis plus d’un demi-siècle, qui aurait prédit un retour naturel si rapide, même dans les années 80 ? Le loup, dépendant de ses proies, ne « prolifèrera » jamais (une famille exploite environ 200 km 2). Cela dit il est en phase de recolonisation, les jeunes adultes cherchent et trouvent des territoires encore inoccupés. Un département français fait environ 5000 km 2, dont une petite moitié est favorable au loup dans les Alpes : rien que dans les sept départements alpins (Var inclus) nous pourrions ainsi avoir plus de cinquante meutes sans qu’on puisse parler de prolifération.

Les loups en France mangent tous les ongulés sauvages (chamois, mouflons, bouquetins, cerfs, chevreuils, sangliers) qui constituent environ 70% de leur alimentation. Tant qu’ils peuvent avoir accès au bétail, ils s’y attaquent aussi, les moutons représentent actuellement un peu moins de 30% de leur régime. Ils peuvent se nourrir de détritus, de charognes et de petites proies mais préfèrent nettement les grosses. Un loup peut manger plusieurs kilos de viande en une seule fois, une proie de la taille d’un chevreuil ou d’un mouton peut être consommée en un jour par un groupe de sept à huit loups comme on en voit dans le Mercantour.

S.B : L’enquête relative à l’attaque du 16 juillet dans la vallée de l’Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence) a t-elle rendu ses conclusions ? Le loup en est-il le responsable ?

G.S : Non, pour le moment on n’en sait guère plus qu’au premier jour : même si les agents chargés du constat estiment que le type de morsure et le mode de consommation peut être attribué au loup, il n’y a jamais de preuve absolue sauf circonstance très particulière (témoin de l’attaque par exemple, ou empreintes dans la neige). Certes on peut relever des poils ou des crottes et procéder à des analyses d’ADN (dont les résultats arrivent toujours assez tard) mais on ne peut pas assurer que l’animal qui était sur place et a laissé ces indices est celui qui a attaqué.

S.B : Suite aux dernières attaques, des tirs dits « de prélèvement » pour un loup ont été autorisés par les préfets dans certains départements et « semblent » satisfaire les éleveurs et élus locaux. Quelle est la position de Ferus et quelles pourraient être les conséquences de ces tirs?

G.S : Eleveurs et élus ne sont pas si satisfaits que cela puisqu’ils sont allés en délégation demander à la ministre de l’Ecologie d’assouplir les conditions de destruction de loups alors que précisément les préfets avaient déjà délivré de nombreuses autorisations de tir en application du dispositif en vigueur.

Aujourd’hui, sans entrer dans trop de détails, il y a un plafond national de six loups, c’est le total des animaux qu’on peut abattre légalement dans l’année par dérogation à la protection de l’espèce. Ferus a toujours condamné les tirs dits « de prélèvement » qui consistent à tuer un loup pris au hasard pour calmer le jeu quand la colère des éleveurs est trop forte ponctuellement. Mais le loup qui vient d’être abattu dans la Drôme l’a été à la suite d’un tir dit « de défense » c’est à dire près d’un troupeau, après que tous les moyens de protection et d’effarouchement n’ont pas empêché la poursuite des attaques.

Les tirs « légaux » (six loups sur une population d’environ 200) n’auront quasiment pas d’impact sur la démographie de l’espèce. Ferus a déjà démontré que le braconnage des loups avait eu plus de conséquences. Localement si un loup est tué dans une meute, cela ne change pas la pression que les survivants exercent sur les troupeaux, ni l’obligation de protéger ces derniers. Au pire si c’est un loup dominant qui est tué la meute peut éclater et les attaques se produire sur une plus grande échelle. A l’inverse on peut penser que si on tire sur des loups en train d’attaquer le bétail, ils assimileront ce dernier à une proie moins accessible…

Lire la suite de cet entretien sur le blog de la médiation animale et des interactions homme-animal.

Publié avec l’aimable autorisation de Sandie Belair.

Visitez le site de son association consacré à l’Aide à l’Enfance par la Médiation Animale : site de Résilienfance.

Lire aussi :

Loup : interview du président de FERUS (août 2011)

– Loup : LPO PACA et FERUS réagissent aux autorisations de tirs de prélèvement (août 2011)

– Loup : la liste des autorisations de tirs s’allonge dans les Hautes-Alpes (juillet 2011)

– Ferus réagit au tir d’un loup dans la Drôme (août 2011)

– Loup : Ferus et la LPO réagissent aux propos étonnants des conseillers généraux du 04 (juin 2011)

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