L’association FERUS est contre l’effarouchement des ours dans les Pyrénées

L’association FERUS est contre l’effarouchement des ours dans les Pyrénées

© Pascal Etienne
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Jusqu’au 22 mai, une consultation publique est en cours, concernant un projet d’effarouchement des ours dans les Pyrénées. Nous vous invitions à y participer et donner votre opinion afin de dire non à ces dispositions inutiles, inefficaces et contre-productives.

==>> Pour participer à la consultation publique et donner votre avis, c’est ICI en bas de page (nous vous donnons quelques arguments ICI).

Voici le texte de la participation de FERUS, postée ce jour sur le site de la consultation publique :

L’association FERUS est contre l’effarouchement des ours dans les Pyrénées

L’association FERUS déplore une nouvelle action de l’Etat à l’encontre d’une espèce protégée via le prétexte d’une « expérimentation » qui se révèle à durée indéterminée par le subterfuge du renouvellement annuel. Expérimentation ne comportant d’ailleurs pas plus de protocole d’étude que de critère de sanction permettant d’évaluer scientifiquement son efficacité, comme il se devrait.

L’année 2019 a montré que l’aptitude de telles dérogations à faire diminuer les dommages aux troupeaux était inexistante. L’examen de la fréquence et de la récurrence des dommages sur les estives concernées révèle que celles-ci n’ont pas changé avant/après l’application de ces mesures. De même, la comparaison des mêmes paramètres entre 2018 et 2019 ne montre aucun impact. Ces effarouchements sont donc inutiles.

Concernant « l’absence d’autres solutions satisfaisantes », l’association FERUS relève que parmi les 5 estives concernées en 2019, certaines n’étaient équipées ni de chiens de protection, ni de parcs de regroupement nocturne. Notamment l’estive qui est systématiquement en tête des dégâts hors dérochements, année après année, et qui comporte un des troupeaux les plus importants. Et pourtant, l’étude CNRS/Géode, réalisée en 2019 sur une estive du Couserans, a montré qu’un troupeau regroupé en parc électrifié avec patous, sans effarouchements, ne subissait pas de dommages. Ces derniers sont concentrés sur les bêtes dispersées et isolées. L’association FERUS rappelle aussi qu’en 2019 aucune analyse de vulnérabilité n’a été réalisée en Ariège, pourtant indispensable pour dimensionner correctement les moyens de protection (nombre de chiens, de parcs, de bergers…) et maximiser leur efficacité (cf rapport 2018 des inspecteurs ministériels en Ariège). De même, les gardes nocturnes réalisées par la Pastorale Pyrénéenne n’ont enregistré aucune perte pour les lots gardés en près de 300 nuits de garde sur cinq ans.

Les solutions alternatives satisfaisantes existent donc bel et bien mais ne sont pas prises en considération et/ou pas appliquées.

Ces effarouchements, de par le vacarme nocturne, sont néfastes et dérangeants aussi bien pour la faune sauvage que pour les pratiquants de la montagne, au risque de voir ces derniers préférer aller fréquenter un autre massif, au détriment du tourisme. Ils peuvent surtout s’avérer dangereux pour l’ours, un des trois mammifères classés en danger critique d’extinction en France (blessure invalidante se concluant bien souvent dans la nature par une mort prématurée, séparation ourses/oursons de l’année…). Ils peuvent aussi s’avérer dangereux pour l’homme : l’association FERUS rappelle que le protocole « ours à problème » prévoit, pour les tirs non-létaux, la présence d’un deuxième tireur à balles réelles en cas de réel danger. Ces mesures confondent donc conditionnement aversif d’un ours à problème et mesures d’interposition entre les troupeaux et les ours ayant un comportement normal, tout en bricolant un dispositif potentionnellement générateur de graves dérapages.

Encore une fois, les simples gardes nocturnes ont prouvé leur efficacité, car l’ours évite la présence humaine, sans l’inconvénient et la dangerosité des gesticulations que sont ces effarouchements. Ceci montre aussi que le principe de précaution, devant prévaloir pour une espèce en danger critique d’extinction, et inscrite aux annexes II et IV de la Directive Habitats, est parfaitement bafoué.

En conclusion, l’association FERUS estime qu’il est totalement incompréhensible que l’Etat s’obstine, probablement pour des raisons politiques et clientélistes, à mettre en oeuvre des actions inefficaces, inutiles, dangereuses, et qui se révèleront sans doute illégales devant les tribunaux.