Les routes dangereuses des Abruzzes tuent une ourse et un loup coup sur coup

Les routes dangereuses des Abruzzes tuent une ourse et un loup coup sur coup

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Encart publié par une association de conservation de l’ours brun marsicain © www.salviamolorso.it

Dans la soirée du 23 octobre dernier, une ourse de 4 ans a été percutée par un jeune automobiliste de la commune de Villalago, sur la route du Valle del Sagittario, à la limite extérieure du parc national des Abruzzes (Italie). L’animal a aussitôt été transporté à la faculté vétérinaire de l’université de Teramo où, après des examens radiographiques ayant montré des fractures du fémur gauche et du tibia droit, il a été opéré. Mais des complications sont apparues lors de l’opération et l’ourse est morte suite à un arrêt cardiaque.

C’est le 4ème ours marsicain retrouvé mort cette année :

  • en avril, un jeune mâle percuté par une voiture.
  • en juillet, l’ours Stefano dont les causes de la mort ne sont toujours pas claires. Il aurait été victime d’un choc violent (probablement une collision routière) et portait plusieurs traces de coup de feu antérieurs à sa mort.
  • fin septembre, un jeune ours de deux ans dont on ne retrouve que les restes dans les bois de la Difesa, sur la commune de Villavallelonga, dans le parc national. L’état des restes n’a pas permis, à l’heure où nous écrivons ces lignes, de déterminer la cause de la mort. Vu l’âge de l’animal, il pourrait toutefois s’agir d’un cas de braconnage.

La population d’ours marsicain est estimée à une cinquantaine d’individus. Cette nouvelle perte est d’autant plus grave qu’il s’agit d’une femelle nouvellement reproductrice.

L’ourse a été percutée sur une ligne droite connue pour être particulièrement dangereuse. En mai 2011, une ourse suitée de trois oursons avait déjà péri sur une route des Abruzzes ; un de ces oursons était mort suite à une attaque de chiens.

Plusieurs associations de protection de la nature dénoncent le problème de la sécurité routière dans les Abruzzes.

Selon le WWF des Abruzzes, ce nouveau cas est celui d’une mort annoncée en l’absence des mesures adéquates réclamées depuis 2010 et il promet de porter plainte en justice contre les responsables de la mort d’ours marsicains. Pour l’ONG, les autorités (la province et la région tout comme le ministère de l’environnement) sont totalement absentes sur le problème de la disparition de l’ours marsicain et restent immobiles.

Quelques timides panneaux incitant à faire attention aux traversées d’ours ont bien été installés mais c’est notoirement insuffisant. Des études ont déjà été menées dans les zones de traversée les plus dangereuses, notamment sur une longue ligne droite de la route SR 83 mais le WWF attend en vain l’autorisation afin que des travaux puissent être menés, travaux dont le coût pourrait être supporté par une souscription déjà en cours. Visiblement, la bureaucratie semble être très longue aussi en Italie.

Et dans la nuit du 29 au 30 octobre, c’était au tour d’un loup d’être victime d’une collision dans le parc national, sur la route 17.

Suite à la mort de l’ourse, Gianni Melilla, député de la circonscription des Abruzzes à la chambre des députés italienne (parti Gauche, Ecologie et Liberté), a demandé au ministre de l’Environnement, Andrea Orlando, quelles initiatives entendait prendre le gouvernement pour soutenir l’action du parc national des Abruzzes et s’assurer ainsi de la conservation de l’ours brun marsicain. Il a demandé en particulier l’évaluation de la création d’une banque de semences par un pool d’experts internationaux qui devra se pencher sur la faisabilité d’un programme de reproduction. Le député est revenu sur les morts d’ours récentes qui mettent en péril la conservation de l’ours marsicain et sur l’incapacité du parc national à gérer un problème qui le dépasse faute de moyens. Il en a profité pour dénoncer également une accélération du nombre d’ours retrouvés morts. De 1990 à 1997 : 12 ; de 1998 à 2005 : 17; de 2006 à 2013 : déjà 20…

On se demande si l’Etat italien veut réellement conserver le modèle de développement économique (basé sur la cohabitation pacifique homme/ours) qui a été le moteur de la région des Abruzzes pendant presque un demi-siècle.

Avec l’aide de Stéphane Nataf pour la traduction.

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