Nourrir les ours

Nourrir les ours

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Par Jean Lauzet

Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°46 (novembre 2012)

Note de Ferus : dans cet article, « nourrir les ours » ou « nourrissage » est à entendre dans le sens « apport de nourriture supplémentaire » et non en terme d’économie rurale « le soin et la manière d’élever des bestiaux », qui signifie de survenir à 100 % aux besoins alimentaires des animaux domestiques. Ferus réfute ainsi que les ours sont nourris en Slovénie dans le sens du terme d’économie rurale.

La fin d’une idéologie :

Au début des années 1980, les pionniers de la protection de l’ours pyrénéen, réfléchissant aux mesures à mettre en place pour enrayer son déclin, estimaient que :

« Deux conceptions s’affrontent :

-sauver l’ours en le nourrissant et en faire un animal inféodé à l’homme.

-sauver l’ours en réconciliant les Pyrénéens et l’ours et en agissant de telle sorte que l’utilisation de la montagne ne détruise pas ses biotopes. »

Ce propos manichéen exprimait en réalité moins une alternative entre deux politiques de protection qu’une opposition déontologique au nourrissage que les mêmes auteurs qualifiaient plus loin de « domestication ».

En effet, même dans les pays où les ours sont officiellement nourris, ceux-ci ne sont pas inféodés à l’homme, étant entendu qu’il ne s’agit que d’un apport de nourriture qui reste toujours très limité et largement inférieur aux besoins des animaux. Les Carpates roumaines ou les Alpes dinariques slovènes et croates sont peuplées d’ours tout aussi invisibles, méfiants et en un mot « sauvages » que feu les ours de souche pyrénéenne. Par ailleurs, on y trouve des biotopes largement aussi préservés que chez nous, sinon bien davantage si l’on considère qu’en plus des ours, ils abritent aussi le lynx et le loup.

Par ailleurs, outre les trois pays cités ci-dessus, bien d’autres apportent aux ours des ressources alimentaires supplémentaires en plantant pour eux des arbres fruitiers ou des champs de céréales. Mais aucun ne s’exonère de protéger leur biotope, car la raison première à la présence d’une population d’ours en bonne santé est, systématiquement, l’existence de zones refuges préservées des dérangements humains. Le plus souvent donc, le nourrissage entre dans une stratégie de conservation de l’espèce dont l’essentiel reste la protection de l’habitat.

Même en France, à la fin des années 1980, l’Office National de la Chasse réalisa un rapport sur les effets biologiques à attendre du nourrissage artificiel des ours. Ce travail concluait à l’intérêt du nourrissage pour favoriser le développement et la conservation d’une population d’ours fonctionnelle, c’est-à-dire possédant un potentiel de reproduction. De timides opérations de nourrissage furent entreprises, mais rapidement abandonnées. A l’époque, hélas, le nombre d’individus reproducteurs était déjà insuffisant.

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