L’ours s’invite aux premières Assises Nationales de la Biodiversité

L’ours s’invite aux premières Assises Nationales de la Biodiversité

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A l’entrée du Palais Beaumont de Pau, des ours en peluche grandeur nature, des banderoles, une gerbe de fleurs « A la mémoire de la Stratégie Nationale de la Biodiversité trop tôt disparue ».

En séance, après le discours d’accueil, une forte prise de parole de Gérard Caussimont au nom de toutes les associations de Cap Ours dont Ferus est un membre très actif.

Il stigmatise la condamnation à mort de l’ours en Béarn par la ministre de l’écologie et rappelle que la biodiversité sera moins sauvée par des « stratégies » que par des actes, notamment sur les dossiers difficiles. Il conclut en disant qu’on ne peut rester à des assises dans un tel contexte.

Tous les représentants des ONG applaudissent à tout rompre, sifflent, trompettent et quittent la salle en scandant « des ours en Béarn ».

Discours qui a été lu par la coordination CAP Ours pendant les Assises Nationales de la Biodiversité  à Pau, ce mardi 14 juin :

Non à l’extinction de l’ours, fleuron de la biodiversité en Béarn!

Quelle occasion manquée par la ministre de l’écologie ! Elle aurait pu annoncer le sauvetage in extremis de l’ours en Béarn, à l’occasion des Assises nationales de la biodiversité.

Le 19 mai dernier, la ministre de l’écologie présentait la stratégie nationale de la biodiversité 2011-2020. Le 1er juin 2011, elle annonçait qu’elle renonçait au renforcement d’une ourse en Béarn, où il ne reste plus que deux mâles. Son prédécesseur, Mme Jouanno, avait annoncé ce lâcher en juillet 2010.

Le Gouvernement doit être cohérent, et porter des mesures fortes, structurantes et emblématiques pour préserver la biodiversité.

Ne pas lâcher de femelle c’est signer l’arrêt de mort de l’espèce dans les Pyrénées occidentales, où elle n’a jamais cessé de cohabiter avec l’homme depuis la nuit des temps.

C’est porter un coup à la biodiversité du Béarn, où l’ours est le symbole d’une montagne pyrénéenne qui attire tous les ans des millions de visiteurs. C’est faire disparaitre un élément du patrimoine culturel de notre région où « Lou pédescaous », « lou moussu » a le droit d’exister autrement que comme personnage du « carnaval biarnés ».

C’est en Béarn que la plupart des mesures qui ont permis la cohabitation entre l’ours et le berger ont été inventées et ont contribué à ce qu’une génération de bergers puisse vivre et travailler en montagne dans des conditions plus modernes et plus sures.

Pour des raisons électoralistes (officiellement la sécheresse) le gouvernement renie sa promesse. Il n’y a pas de sécheresse dans la montagne du Béarn. Les problèmes financiers, les contraintes réglementaires, le manque de main d’œuvre, la concurrence, les maladies, les dégâts de chiens, font plus de ravage que les 7 brebis mangées en 2010 par les deux malheureux ours encore présents en Béarn et correctement indemnisées.

Aujourd’hui, à l’occasion de ces premières Assises nationales de la biodiversité qui se tiennent dans la capitale du Béarn, nous lançons un appel solennel contre l’extinction sous nos yeux de ce symbole de la biodiversité pyrénéenne. Cap Ours demande le lâcher d’une ourse à l’automne 2011.

C’est une obligation morale par rapport aux générations futures, c’est une obligation de la France vis-à-vis des engagements internationaux qu’elle a signés, c’est une obligation par rapport à la charte de « développement durable des vallées béarnaises  et de protection de l’ours » signée en 1994 et renouvelée en 2004 par l’Etat, le Conseil Régional d’Aquitaine, le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, 20 communes, les représentants des chasseurs et des éleveurs. Aucun de ces signataires n’a honoré sa parole. Tous prônent aujourd’hui la défense de la biodiversité et le développement durable.

La meilleure manière pour les citoyens de juger la façon dont leur pays traite sa biodiversité est certainement de regarder ce qu’il fait pour des milieux emblématiques comme les zones humides ou les forêts non exploitées. Et de voir s’il relève les défis posés par la raréfaction, voire la disparition d’espèces connues, d’espèces parapluies comme l’ours.

Ou alors, si nous ne sommes pas capables d’inverser le cours des événements pour ces espèces en grand danger, cela signifie que la France ne tiendra pas ses engagements internationaux, même avec beaucoup de retard. Car qui pourrait croire qu’elle va dans les délais impartis enrayer l’érosion de sa biodiversité, restaurer les habitats naturels de ses espèces sauvages et faire atteindre un bon état à ses cours d’eau ?

Faute de plan de restauration, nous avions une promesse, mais elle n’a pas été tenue. Pire, la marche arrière s’est opérée au milieu du gué, alors que les feux verts avaient tous été donnés et que même les opposants avaient admis ce remplacement des ours tués du fait de l’homme. Reculer au dernier moment, c’est adresser un très mauvais message à ceux qui prétendent que l’ours n’a plus sa place dans les Pyrénées. Puisque ce remplacement des ours tués ne se fait décidément pas, que vont conclure ceux qui savent que le noyau dit « central » ne tient qu’à la survie de moins d’une demi-douzaine de reproducteurs ?

Ce coup mortel porté à l’un des fleurons de la biodiversité en France, à l’un de ses symboles les plus populaires, les plus connus, ce n’est pas qu’un désastre scientifique. C’est aussi une catastrophe culturelle, la fin d’une histoire pluri millénaire, celle de la présence dans la montagne de l’homme et de l’ours, celle de leurs rapports empreints de respect, de peur et d’admiration.

Nous pensions pourtant que cette vieille excuse de la protection de la nature qui doit composer avec le développement économique ne serait plus mise en avant au moins par une ministre de l’Ecologie.

La biodiversité n’est pas une contrainte mais une richesse, et elle doit être traitée comme telle. Si ce discours n’est pas audible dans un pays du G8 et que la biodiversité est toujours perçue comme le substrat des activités économiques, ce n’est vraiment pas la peine d’aller expliquer son importance aux pays émergents qui de plus n’ont pas besoin de nous pour faire mieux que nous.

Comprenez que nous soyons incapables, dans ces circonstances, de participer à des travaux sur la biodiversité en général quand on lui fait très concrètement et très sciemment si grand mal. Nous allons vous quitter en espérant vous retrouver plus tard, quand ce gouvernement ou un autre, et nos décideurs finiront par mettre leurs actes en phase avec leurs discours.

Espérons qu’il ne sera pas trop tard pour l’ours, le gypaète, le tétras, le pic à dos blanc, etc. et pour l’être humain.

CAP Ours aux Assises Nationales de la Biodiversité de Pau, le 14 juin 2011

Association Pyrénéenne des Accompagnateurs en Montagne 66, section Catalane du Syndicat National des Accompagnateurs en Montagne (APAM 66), Altaïr Nature, APATURA, Association Nature Comminges (ANC), Comité Ecologique Ariégeois (CEA), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), FERUS (Groupe Loup France/ARTUS), Fonds d’Intervention Eco-Pastoral – Groupe Ours Pyrénées (FIEP), France Nature Environnement Midi-Pyrénées (FNE Midi-Pyrénées), France Nature Environnement Hautes Pyrénées (FNE 65), WWF France, Mille Traces, Nature Midi-Pyrénées, Nature Midi-Pyrénées comité local Hautes-Pyrénées, L’œil aux aguets, Pays de l’Ours-ADET (Association pour le Développement Durable des Pyrénées), Société d’Etude de Protection et d’Aménagement de la Nature dans le Sud Ouest section Béarn (SEPANSO Béarn), Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM), Sours.

Lire aussi le communiqué de FERUS : les ours béarnais abandonnés (1er juin 2011)

Voir aussi les autres communiqués, réactions et soutiens :

Réintroduction d’ours : le soutien des anciens ministres de  l’environnement (9/06/11)

– Le gouvernement signe l’arrêt de mort de l’ours en Béarn (7 juin 2011)

– Nicolas Hulot s’exprime sur la non-réintroduction d’une ourse dans le Béarn (5 juin 2011)

– Pas de lâcher d’ourse : la réaction de France Nature Environnement et d’Europe Ecologie les Verts (juin 2011)

– Pas de lâcher d’ourse : la réaction du WWF France et de Nature Midi Pyrénées (1er juin 2011)

– Sarkozy a tranché : il n’y aura pas de lâcher d’ourse dans le Béarn (communiqué de FERUS, 1er juin 2012)

– Pour le lâcher d’une ourse dans le Béarn : CYBERACTION! (31/05/11)

1 commentaire sur “L’ours s’invite aux premières Assises Nationales de la Biodiversité”

sarkozy et sa clique ce foutent de l’environnement ,leurs interet /l’electorat ,et bichonner les riches


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